Jeudi dernier, une jeune fille d'un autre lycée venue passer son bac au lycée Charlemagne à Paris s'est vue refuser d'entrer dans l'établissement car elle portait le voile. L'élève assure l'avoir enlevé mais s'être quand-même vu interdite de pénétrer dans l'établissement.
Les faits remontent à jeudi lorsqu'une jeune fille portant un voile s'est présentée aux épreuves du baccalauréat à son centre d'examen du lycée Charlemagne à Paris. La CPE, (conseillère principale d'éducation), lui aurait alors interdit l'entrée des lieux si elle ne retirait pas son voile. Ensuite, selon une source policière, les versions des deux femmes divergent. La conseillère assure que l'élève a refusé de retirer son voile tandis que cette dernière affirme l'avoir enlevé mais n'avoir pas pu entrer.
Selon les éléments recueillis par le rectorat de Paris, la candidate, élève d'un autre établissement parisien, "aurait dans un premier temps refusé d'ôter son voile" afin d'entrer dans le lycée Charlemagne, "malgré les rappels à la loi effectués à plusieurs reprises par les personnels de la vie scolaire".
Cela "aurait conduit à des échanges tendus entre la candidate et un personnel d'éducation, avant que la candidate n'accepte finalement de retirer son voile, et qu'elle puisse être accompagnée dans sa salle d'examen".
S'en sont suivis très rapidement des tweets sur les réseaux sociaux, de plus en plus menaçants jusqu'à ce que l'identité de la fonctionnaire soit dévoilée.
Acte islamophobe couvert ?
Cette version est désormais contestée par plusieurs témoins dont des membres du personnel du lycée contactés par franceinfo. D'après eux, la candidate au bac a subi un acte islamophobe et la hiérarchie du lycée cherche à camoufler "une situation inacceptable". D'après ces témoins de l'incident, à l'entrée du lycée jeudi dernier, la jeune femme a retiré immédiatement son voile quand la CPE lui a demandé.
Pourtant, selon ces témoins, la CPE n'a pas laissé entrer la bachelière et a continué de s’en prendre à elle. Ces témoins affirment que la CPE a tenu ces propos : "Tu enlèves ton truc ! Et il peut y avoir des témoins, je n'en ai rien à faire". L'échange tendu a duré suffisamment pour qu'une commerçante voisine vienne s'interposer, inquiète de voir une élève se faire crier dessus de cette manière.
Certains membres du personnel ont apporté leur soutien à cette candidate au bac. "Nous sommes profondément choqués de l’attitude de cette responsable envers une jeune lycéenne qui ne demandait qu’à passer son bac dans de bonnes conditions", peut-on lire dans un communiqué. "De surcroît, la déferlante réactionnaire et les menaces qu’elle a reçue par centaines de la part de l’extrême droite ajoutent au traumatisme", ajoutent ces personnels.
Enquête ouverte après la plainte de la CPE
Une enquête a été ouverte vendredi 17 juin par le pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris après la plainte de la conseillère principale d'éducation (CPE) du lycée Charlemagne.
Cette enquête pour menaces de mort, harcèlement moral en ligne et mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle a été confiée à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH), a-t-on ajouté de mêmes sources.
L'académie de Paris "condamne avec la plus grande fermeté les menaces de mort et le cyberharcèlement dont sont actuellement victimes ses personnels, et tient à les assurer de tout son soutien dans cette épreuve", a-t-il ajouté.
Les enquêteurs, qui veulent "aller vite pour couper la dynamique" du harcèlement, ont d'ores et déjà entendu la CPE et l'élève. Cette dernière n'est pas mise en cause, a-t-on précisé de source policière.