Un grand centre de vaccination contre la variole du singe a ouvert ses portes ce mardi dans le XIIIe arrondissement de la capitale.
Un vaccinodrome pour lutter contre la variole du singe a ouvert ses portes ce mardi à Paris. L’annonce a été faite la veille, lundi, par le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, sur BFMTV. Ce vaccinodrome prend place dans le centre de santé Edison dans le XIIIe arrondissement de la capitale.
Ce centre permet d'accueillir les personnes éligibles à la vaccination, du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h et le samedi de 9h à 13h, avec ou sans ordonnance. Il "va pouvoir augmenter très significativement le volume de vaccination", a affirmé le ministre dans son allocution de lundi.
Selon Santé Publique France, l’Île-de-France recensait jeudi 21 juillet près de la moitié – 726 – des 1567 cas confirmés de variole du singe en France par région de résidence. Lundi, le ministre de la santé évoquait un chiffre d'environ 1700 cas confirmés. L’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, il y a actuellement 25 centres de vaccination mis en place dans notre région, dont 18 dans la capitale (incluant celui ouvert aujourd’hui).
"Des bras supplémentaires"
"Nous avons largement le nombre de doses suffisantes pour la population qui est principalement à risque et principalement concernée par cette maladie", a assuré François Braun. Ce dernier a insisté sur le fait qu’il "faut maintenant des bras pour vacciner. Cela repose sur les professionnels de santé".
"Dès demain, par un arrêté, je vais augmenter la possibilité de professionnels de santé qui vont pouvoir faire cette vaccination. On va mobiliser des bras supplémentaires", a-t-il dit. Les "étudiants en santé" pourront notamment se charger de ces vaccinations, a précisé le ministère à l'AFP.
Le site Doctolib indiquait cependant sur son site internet que tous les créneaux pour ce nouveau centre de vaccination sont d'ores et déjà pris.
"Montée en puissance du dispositif vaccinal"
L'ouverture du centre annoncée par le ministre de la Santé "va dans le bon sens, mais elle arrive très tard", expliquait de son côté ce mardi sur franceinfo François Emery, chargé de plaidoyer à l'association Act Up Paris, qui lutte contre le SIDA. Il insiste sur le fait que "cela fait des semaines qu'on alerte sur la nécessité de vacciner le plus possible et de monter le dispositif en puissance pour que le maximum de personnes concernées puissent se faire vacciner".
François Emery indique également qu’"il y a encore des personnes qui ont des rendez-vous trop lointains ou qui n'arrivent pas à prendre rendez-vous. Il n'y a pas assez de places disponibles. C'est pour ça qu'on demande la montée en puissance du dispositif vaccinal. Mais ça ne servira à rien sans savoir le nombre de doses disponibles, qu'on ne connait pas, encore une fois. Et ça ne servira à rien si les personnes ne sont pas informées".
"On n'a pas de visibilité sur les stocks : on demande que le gouvernement rende public l'état des stocks stratégiques, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Jusqu'ici, on ne sait pas si on en a assez pour tous", dit François Emery. Il ajoute : "on manque aussi de bras, le fait de réquisitionner des étudiants en médecine pour garnir les centres de vaccination est une bonne solution mais elle montre aussi l'état de notre système de santé". "Il y a également un défaut massif d'information sur la maladie depuis son arrivée en France", expliquant notamment que, malgré le fait que le sujet prenne "de l’ampleur dans les médias", "le gouvernement ne communique pas encore assez", estime François Emery.
Répondre à la demande
Contacté, Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine, APHP), explique que "l’Île-de-France est le premier endroit cluster de cette maladie". Il indique que "l’effet d’annonce (d’ouverture d’un vaccinodrome à Paris, ndlr) est bien. Mais est-ce que sur le papier, il va pouvoir répondre à la demande ? C’est la grande question. Il faut se fixer des objectifs et continuer à être ambitieux".
L’hôpital Raymond-Poincaré est, par ailleurs, le seul centre du département qui vaccine contre la variole du singe du département, toujours selon l’ARS francilienne. "Bien que ce centre ait ouvert en Île-de-France, beaucoup de gens vont partir en vacances. Il faut donc être aussi capable de répondre à la demande de ceux qui ne sont plus en région parisienne", ajoute-t-il.
Lundi, veille de l’ouverture du vaccinodrome, la mairie de Paris avait demandé à l’Etat des mesures d’urgence. Concernant les 30 000 doses de vaccin déstockées annoncées vendredi par le ministère de la Santé, "c'est complètement insuffisant", estime l'adjointe (EELV) à la santé Anne Souyris, pour qui il en faudrait dix fois plus pour vacciner préventivement – en deux doses – toutes les personnes à risques en Ile-de-France.
Numéro vert, vaccination
Un numéro vert a été mis en place par le gouvernement. Les personnes souhaitant se faire vacciner peuvent trouver un centre sur le site Santé.fr ou sur le site Monkeypox-info-service (la page mise en place par le gouvernement).
Les prises de rendez-vous peuvent se faire par téléphone ou en se rendant sur le site Doctolib.
Samedi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété le plus haut niveau d'alerte alors que 17 000 cas ont été recensés dans 74 pays depuis le début du mois de mai.