Variole du singe : "Les chiens ne semblent pas y être sensibles mais il faut rester vigilant", prévient un conseiller scientifique à l'Anses

Le chien contaminé au virus de la variole du singe par un de ses maîtres à Paris n'a finalement pas développé la maladie monkeypox, selon des analyses complémentaires menées notamment par les équipes de la Pitié-Salpêtrière et l'Anses. Christophe Cordevant, co-auteur de l'étude et conseiller scientifique à l'Anses, fait le point sur la situation.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une étude parue dans The Lancet le 10 août 2022 a révélé un premier cas de transmission de monkeypox de l'être humain au chien. En juin, à Paris, un petit lévrier italien de quatre ans a ainsi été testé positif au virus de la variole du singe par les équipes de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'étude révèle qu'il lui a été transmis par un de ses maîtres, deux hommes ayant tous les deux contracté le virus et développé la maladie. Compte tenu des lésions observées sur la peau de l'animal, l'étude émettait l'hypothèse d'une véritable maladie canine et non pas d'un simple portage du virus.

Mais des analyses complémentaires ont révélé que le lévrier n'aurait en réalité pas développé la maladie. Elles ont été menées conjointement par l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), le Centre National de Référence (CNR) et les équipes de la Pitié-Salpêtrière. Christophe Cordevant est co-auteur de l'étude et conseiller scientifique de l'Anses. Pour France 3 Paris Ile-de-France, il détaille ce cas particulier et apporte des précisions sur la transmission de la maladie entre êtres humains et animaux. 

Quelles analyses complémentaires ont-elles été menées ? 

Les investigations complémentaires avaient notamment pour objectif de confirmer ou d'infirmer l'hypothèse émise d'une maladie monkeypox chez ce chien. Les scientifiques de l’école vétérinaire de Maisons Alfort et de l’unité mixte de virologie (Anses, ENVA INRAe) ont donc à nouveau prélevé le chien, avec un prélèvement oro-pharyngé, et d'autres sur la peau et au niveau de l'anus. Le CNR a également effectué une analyse sérologique à partir d’un échantillon de sang, qui avait pour objectif de vérifier si le système immunitaire du chien montrait une réponse immunitaire contre le virus, et donc contre la maladie. En l'occurrence, les tests réalisés n'ont pas montré qu'il y avait réponse immunitaire spécifique développée contre le virus. Dans l'état actuel des connaissances, ce chien n'a donc pas développé de maladie monkeypox.

Quelles conclusions peut-on en tirer ? 

C'est une bonne nouvelle ! C'est rassurant. Ça veut dire que les chiens ne semblent pas être sensibles à cette maladie donc il n'y pas nécessité de les isoler, ni de les vacciner pour les protéger. Mais il faut clairement rester vigilant, bien respecter les consignes de confinement pour les personnes malades et éviter les contacts avec ses animaux de compagnie pendant la période symptomatique.

Le lévrier présentait des lésions cutanées et des pustules qui semblaient très proches de celles observées chez les humains ayant développé la maladie. À quoi étaient-elles dues ? 

C'était probablement une coïncidence fortuite. Les petits lévriers italiens ont un pelage très réduit et des poils très courts donc, quand ils se grattent, ils peuvent se blesser. Il pouvait aussi avoir une dermatite. [...] Lors de la deuxième série de prélèvements et d'investigation, 26 jours plus tard, le chien n'avait plus de lésion. Par rapport à un test sérologique et une réponse du système immunitaire, c'était la bonne fenêtre pour être en mesure de détecter la signature d'une infection. 

Même s'il n'était pas malade, le chien était porteur du virus. Aurait-il pu le transmettre à un autre animal ou à l'homme ? 

Ce chien était bien porteur du virus, sur son corps et son pelage. Il en avait également au niveau de sa gueule. Il s'est probablement contaminé au contact de son maître, avec qui il dormait, puisqu'il était en contact étroit de zones infectieuses. [...] On peut émettre l'hypothèse que, si ce chien avait été présent dans une famille où d'autres personnes n'étaient pas atteintes par le virus à la base, ces personnes auraient pu être contaminées au contact du chien. [...] Mais il faut retenir le côté positif : dans l'état actuel des connaissances, les chiens ne sont pas infectés par le monkeypox. En revanche, il faut bien que les propriétaires d'animaux de compagnie soient vigilants. Si une personne développe monkeypox, il ne faut pas qu'elle soit au contact d'animaux pour éviter de les contaminer en surface par un transfert simple de virus vers l'animal. 

Peut-on transmettre le virus à son animal lorsque l'on est en phase d'incubation et qu'on ignore être porteur du virus ? 

Quand on est en phase d'incubation, et qu'on ne sait pas qu'on développe monkeypox, la probabilité de le transmettre à un animal est faible. Ce sont les lésions qui sont des zones très riches en virus. 

Quels sont les animaux qui peuvent développer la maladie ? 

Les rongeurs peuvent être sensibles à la variole du singe. [La sensibilité est la capacité de l’espèce animale à exprimer des signes cliniques et/ou des lésions dues au virus, ndlr]. Les gerbilles et les chinchillas sont sensibles. Les scientifiques travaillant sur la maladie suspectent également que les écureuils d'Afrique puissent être le réservoir du virus sur ce continent. Mais les espèces européennes d’écureuils sont très différentes des espèces d’écureuils africains. Des espèces africaines comme le rat du natal et le rat du coton sont aussi sensibles. [...] Un animal sensible au virus va développer la maladie, produire potentiellement une quantité de virus infectieux et peut alors le transmettre à l'homme comme à l'animal.

Doit-on s'inquiéter de la sensibilité des rongeurs au virus étant donné la présence de très nombreux rats à Paris ? Peuvent-ils être contaminés par la variole du singe ? 

Pour le moment, ce n'est pas le cas. Chez le rat que l'on peut retrouver dans les égouts, il n'y a pour l'instant rien de décrit en termes de sensibilité dans la littérature. Pour les rats adultes, étant donné que l’espèce dominante en Europe et en France est le rat brun, qui est aussi à l’origine des lignées de laboratoire et des rats NAC, les données de laboratoire pourraient conduire à exclure sa capacité à jouer un rôle dans la transmission du virus. Les rongeurs de compagnie, comme les rats bruns, les souris, les cobayes ou encore les hamsters, semblent peu réceptifs au virus à l’âge adulte.

Comment savoir quels animaux sont susceptibles de développer la maladie et de la transmettre ? 

Le mécanisme d'entrée du virus dans les cellules est inconnu. Or, cette information peut nous aider à établir une liste des espèces sensibles au virus. Le constat et l'observation d'un cas - tel que nous aurions pu l'avoir avec ce petit lévrier italien - peut aussi nous aider.

2 889 cas confirmés dont 1 700 en Île-de-France

Le 16 juin, l'Anses a publié ses recommandations pour "limiter la diffusion du virus aux animaux de compagnie".

En tout, 2 889 cas confirmés de variole du singe ont été recensés en France, en date du 18 août, selon Santé publique France. Tous concernaient des adultes de sexe masculin à l'exception de 34 femmes et 7 enfants, précise l'autorité de santé. L'Île-de-France est la région la plus touchée avec 1 700 cas.

Depuis le 8 juillet 2022, la Haute Autorité de Santé recommande la vaccination préventive aux groupes de personnes les plus exposés au virus. Sont concernés : les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, les personnes en situation de prostitution, et les professionnels des lieux de consommation sexuelle

Pour contrer l'épidémie, 189 lieux de vaccination ont été ouverts sur le territoire et 103 000 doses de vaccin y avaient été livrées au total au 18 août. Mercredi, le ministère de la Santé rapportait 43 767 doses administrées depuis le 11 juillet.

Pour plus d'informations sur cette maladie infectieuse virale, vous pouvez consulter la page dédiée sur le site de l'Assurance maladie. Et pour plus d'informations sur la vaccination, vous pouvez vous rendre sur le site Vaccination Info Service.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information