C'est lé défi que s'est lancé un entrepreneur lui-même sourd. L'établissement mise sur la différence et rencontre un grand succès.
76 rue de Charonne, derrière une main de Fatima se cache un restaurant marocain où l'on parle avec les mains. Sid Nouar a ouvert le premier restaurant de la capitale qui emploie des personnes sourdes Comme une langue universelle, le sourire du patron ne disparaît jamais de son visage.
Sur les tables du restaurant 1000&1 Signes, des ardoises pour écrire et des clients qui tâtonnent et façonnent des bribes de signes. "Je connais mal la langue des signes mais finalement on apprend très vite et ils nous accueillent justement pour que ça se passe le mieux possible et qu'on soit vraiment accompagné" témoigne un client.
Tout en signant, Sid Nouar nous raconte la vie dans son restaurant : "la première fois que les gens viennent ici, ils sont un peu mal à l'aise. La deuxième, la troisième fois, ils sont super à l'aise, ils sont même super fiers d'emmener leurs amis ici et de leur montrer qu'ils savent communiquer avec des sourds, qu'ils connaissent l'alphabet". Sur le menu, chaque plat est codifié avec les lettres A, B, C, D et en dactylologie. "Donc par exemple si le client veut le N, il fait le N et si les gens sont vraiment très, très, très timides et qu'ils n'ont pas envie de s'exprimer, ils montrent avec leur doigt".
Une reconversion militante
Sid Nouar, sourd de naissance, était enseignant mais sa passion c'est le bien-manger. Alors, il s'est lancé, avec la confiance de son banquier. Une démarche que la surdité n'a pas compliquée. Le restaurant est agréé entreprise adaptée, compte 8 salariés et sert entre 40 et 60 couverts par jour. "Je ne voudrais pas faire d'erreur mais en terme de chômage, on a quasiment 70% à 80% de personnes sourdes au chômage. il y a des personnes qui travaillent dans des entreprises sauf qu'elles souffrent d'isolement parce qu'il n'y a pas assez de sensibilisation dans les entreprises, ce sont des postes qui sont très souvent inadaptés et ça dure depuis des années". dénonce l'entrepreneur.
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De fait, Sid Nouar parle de militantisme quand il évoque la création de son entreprise. Lutter, toujours lutter, c'est lui qui a trouvé notre interprète en langue des signes, Emmanuelle Huguet. Pour la rémunérer, il a fait appel à la l'AGEFIPH qui gère le fond d'insertion professionnelle des personnes handicapées.
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