Les maires de la région peuvent désormais faire appel à une société foncière publique dont le rôle est d'acheter et réhabiliter les pavillons dégradés. Une cible privilégiée des marchands de sommeil.
Sur l'un des pavillons, dans un quartier résidentiel à Garges-lès-Gonesse où sévissent plusieurs marchands de sommeil, c'est un détail qui a attiré l'attention des services municipaux. "On a repéré ici des petits trous qui ont été réalisés pour faire de la ventilation dans le logement puisqu'il n'y en a pas, les logements ne sont pas aux normes. On l'a repéré de cette façon là, on a enclenché du coup l'ensemble des possibilités qu'on avait pour faire en sorte de contraindre le propriétaire à vendre et c'est ce qu'on a réussi à faire" explique Benoît Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse.
La maison de 80m2 a été divisée en cinq logements. Certains habitants sont encore là. Une étudiante partage une pièce avec sa mère : "c'est vraiment petit, il y a trop de problèmes, notre toit qui coule, des fois on a pas d'électricité. Il y a des rats dans les murs, ils font trop de bruit la nuit, c'est vraiment dur" témoigne la résidente.
Le maire cherche une solution de relogement pour la jeune femme. Il a également préempté le pavillon : "l'idée c'est que ce ne soit pas à nouveau un marchand de sommeil qui en fasse l'acquisition mais au contraire qu'on puisse avoir une réalisation normale dans ce quartier pavillonnaire". Pour y parvenir, la ville a demandé à une société foncière publique, la SIFAE, d'acheter et de réhabiliter les lieux.
Une activité que la société exerce déjà à Saint-Denis où, il y a quelques temps, une maison a été saisie à un marchand de sommeil dans le cadre d'une procédure judiciaire. "Notre rôle va être de les acquérir et ensuite de réaliser une opération sur l'ensemble des pavillons acquis qui peut être de la réhabilitation ou de la démolition puis reconstruction" détaille Léa Makarem, présidente de la SIFAE.
Offrir une nouvelle vie aux maisons et aux familles
Dans quelques mois, deux petites maisons mitoyennes entièrement neuves verront donc le jour à la place de la maison saisie. Elles ne seront pas mises en vente au prix du marché mais proposées à des familles de Saint-Denis, en accession sociale à la propriété. Une bonne chose selon Katy Bontick, adjointe au maire de Saint-Denis chargée du logement et de l'habitat indigne : "on va avoir des familles qui vont venir s'installer en résidence principale alors qu'on sait que quand on laisse notamment partir, à des prix de l'immobilier très importants, et bien ce n'est qu'en colocation (...) qui devient très concrètement du logement dortoir et potentiellement de l'habitat indigne et des marchands de sommeil. Donc la maîtrise du prix est très importante".
Au total, une quinzaine de communes en Ile-de-France ont déjà décidé d'utiliser cet outil de lutte contre les marchands de sommeil.
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