Les livreurs de Getir et Gorillas vont perdre leur emploi. Presque tous travaillaient à Paris et en proche banlieue. Le tribunal de commerce a prononcé la liquidation des deux entreprises après le désengagement brutal de leurs propriétaires turcs. Ces dark stores, des entrepôts utilisés pour de la livraison rapide, n'ont jamais trouvé leur équilibre.
La livraison express via les dark stores, c'est fini. Le groupe turc Getir également propriétaire de Gorillas a été mis en liquidation. 1 300 salariés, pratiquement tous en Île-de-France, se retrouvent sur le carreau. Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) avait pourtant été validé par l'entreprise mais elle s'est désengagée au dernier moment : "l'actionnaire qui se retire de son engagement, il nous abandonne. On est livrés à nous-mêmes et ce sentiment n'a pas été digéré par les salariés parce qu'on ne s'attendait pas à ça" résume Arnaud Coulibaly Klotchin, délégué syndical CGT et représentant des salariés.
Un marché français trop complexe et pas assez rentable
C'est la solvabilité de l'entreprise qui est ici en jeu. Refusant de financer le PSE, elle laisse le régime de garantie des salaires payer les sommes dues aux travailleurs. Le groupe turc était pourtant valorisé à 10 milliards d'euros en 2022. Pour Rémy Frey, secrétaire général adjoint US CGT Commerce Paris : "ces entités ne rendent de compte à personne, je loge ma trésorerie en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Turquie, j'apprécie mon PSE au périmètre de la France. Dans la filiale française, il est évident, quand on regarde son état de trésorerie, qu'il n'y a pas un rond".
Pour Getir, impossible de poursuivre ses activités après que le gouvernement a décrété que ces dark stores n'étaient pas des commerces mais des entrepôts. Les mairies peuvent ainsi réguler cette activité face aux nuisances qu'elles engendrent. Un prétexte selon Vincent Chabault, spécialiste en commerce de détail : "le marché n'a jamais représenté plus de 200 millions d'euros sur un an, ce qui est l'équivalent du chiffre d'affaires de deux hypermarchés. Malgré tout, effectivement, les investisseurs y croyaient et ont apporté beaucoup d'argent pour développer le modèle. Finalement, les investisseurs ont disparu aujourd'hui et le modèle est encore moins rentable et moins à l'équilibre".
Les start-ups du quick commerce pourraient subir de nouvelles suppressions d'emplois. Le tribunal de commerce doit examiner à la fin de l'été, des solutions de reprises de Flink France.
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