Vidéo de la tour Eiffel qui brûle : en feu ou en toc ? Quelques petits conseils simples pour déjouer les fake news générées par l'intelligence artificielle

La tour Eiffel est en feu sur TikTok. En attestent une vidéo et des photos virales ? Faux. Ces images ont rapidement été repérées par des spécialistes de l'IA et de l'animation 3D. Mais pour des internautes non avertis, bombardés d'images sur les réseaux sociaux, comment se méfier et ne pas tomber dans le piège ?

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Depuis quelques jours, une vidéo et des photos de la tour Eiffel en proie aux flammes affolent les internautes. Devenues virales sur TikTok, elles cumulent aujourd'hui plusieurs dizaines de millions de "J'aime" sur les réseaux sociaux.

Une frayeur tout à fait légitime. Tout le monde se souvient de l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019, et des images impressionnantes de sa flèche qui s'effondre.

Les images de la tour Eiffel ont rapidement été identifiées comme fausses. La vidéo est en réalité une création du studio de conception 3D Augmented One, basé à Erevan en Arménie. Une animation très réaliste de neuf secondes de la tour Eiffel en feu postée sur YouTube le 18 juillet 2023. La publication précise qu'elle a été créée grâce à des effets visuels.

Mais comment ne pas tomber dans le piège des fausses images et de l'intelligence artificielle ? Il existe des méthodes simples et accessibles pour ne pas y voir que du feu.

Ouvrir grand son œil de lynx

Le premier conseil est de faire appel à son bon sens, en regardant bien l'image. De petits détails peuvent mettre la puce à l'oreille. Sur la photographie montrant une foule face à la tour Eiffel qui brûle, chacun peut aiguiser son œil et douter de sa véracité.

Un côté de la Dame de fer n'est pas tout à fait droit. Eh bien non, l'édifice emblématique âgé de 135 ans n'est pas en train de fondre, sa structure métallique est trop robuste pour cela.

A droite de la photographie, la façade de l'immeuble penche vers la gauche, à l'inverse d'une logique de perspective.

Au-dessus des immeubles de gauche, parmi les mitrons des cheminées, certains sont peu perceptibles alors que d'autres sont nets.

Le détail le plus frappant concerne les personnes au premier plan parmi la foule. En zoomant sur leurs têtes, leur chevelure apparaît floue mais leur contour très net, s'apparentant à un copier-coller.

Mais ces conseils seront peut-être bientôt obsolètes. La performance des logiciels de création d'images grâce à l'IA, tels que Midjourney ou Dall-E, rend leur scène fictive de plus en plus indétectable. Kati Bremme, directrice Innovation à France Télévisions et spécialiste de l'intelligence artificielle, prévient : "dans quelques mois, on ne pourra certainement plus détecter quoi que ce soit dans une image générée par intelligence artificielle".

Croiser ses sources

Si, rien qu'en ouvrant leur fenêtre, de nombreux Parisiens peuvent vérifier par eux-mêmes si la tour Eiffel est en vie, cela s'avère plus compliqué pour le public ne résidant pas dans la capitale. Il est urgent pour les internautes de revenir à des fondamentaux.

Des informations faisant état d'une telle catastrophe touchant la Dame de fer seraient rapidement relayées par des entités officielles. Les comptes de la mairie de Paris, de la tour Eiffel ou de la préfecture de Police de Paris n'en ont pas fait mention.

Les webcams publiques, en accès libre sur internet, sont aussi un bon moyen de vérifier par soi-même l'état de l'édifice. Sur le site de Meteo-Paris.com par exemple, une caméra filme la tour Eiffel en live et montre qu'elle n'a pas bougé.

"Toujours se méfier des images spectaculaires"

Tous les spécialistes de l'intelligence artificielle ou de l'animation 3D le répètent : "Il faut toujours se méfier des images spectaculaires". En clair, quand une image est impressionnante et virale sur les réseaux sociaux, il est important de se poser des questions. Des questions auxquelles des comptes de "debunkage" (identificateurs de fausses informations), tels que Verifythis ou encore Vicenews, ont souvent déjà répondu.

Derrière tous ces conseils, la meilleure recommandation est de prendre du recul face à la profusion d'images qui circulent sur internet et les réseaux sociaux. Car si l'une des sources du danger est la qualité de plus en plus remarquable des logiciels d'IA, l'autre vient du fait que ces outils sont accessibles au grand public. Il y a encore quelques années, l'usage de ces programmes de création visuelle nécessitait la maîtrise technique d'un graphiste professionnel. Aujourd'hui, ils peuvent être utilisés par tous, pour un résultat bluffant.

Des applications existent pour détecter ces fakes, des filigranes sont intégrés aux images, mais leur efficacité ne sera jamais totalement fiable. Un peu à l'image des faussaires de billets de banque, qui ont toujours une longueur d'avance sur les outils de dépistage de toutes les polices du monde.

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