VIDEO. "Elle m'a hurlé dessus en me disant que j'avais pensé qu'à ma gueule" : un théâtre condamné pour discrimination envers une comédienne enceinte

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VIDEO. "Elle m'a hurlé dessus en me disant que j'avais pensé qu'à ma gueule" : un théâtre condamné pour discrimination envers une comédienne enceinte - reportage d'Elise Ferret et Floriane Olivier ©France 3 PIDF

Trop de femmes sont ralenties voire saquées dans leur carrière parce qu'elles tombent enceintes. Fait rare, en Seine-Saint-Denis, les directeurs d'un théâtre viennent d'être condamnés pour avoir écarté une comédienne après l'annonce de sa grossesse.

Certaines phrases résonnent encore dans sa tête, "tu ne serais pas enceinte, tu serais en train de jouer", voilà un des multiples reproches adressés à Jamila par ses employeurs. Pendant un an, cette comédienne affirme avoir été discriminée par les directeurs de son théâtre.

Tout a commencé au moment de l'annonce de sa grossesse : "Elle m'a hurlé dessus en me disant que j'allais finir femme au foyer, que j'avais pensé qu'à ma gueule, qu'elle ne me voulait plus dans ses pièces, dans ses créations, dans les tournées. Après j'ai été vraiment exclue de tout", raconte Jamila. 

Les attaques verbales enregistrées par Jamila ont été utilisées comme preuves devant les tribunaux. Une simple dispute qui aurait pu se régler en coulisses selon la directrice. Le tribunal correctionnel l'a relaxée, avec l'autre dirigeant, pour harcèlement moral mais pas pour la discrimination.

La direction campe sur ses positions

Les cadres du théâtre ont l'intention de faire appel : "Le rôle c'était une femme en prison depuis 15 ans, et, oui, enceinte, on ne peut pas jouer ce rôle-là. Si vous allez jouer Jeanne d'Arc, vous ne pourrez pas jouer enceinte. Si ça, ça s'appelle de la discrimination, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?", se défend Marjorie Nakache, directrice artistique du Théâtre de Stains 

Un an de prison avec sursis pour discrimination, c'est une condamnation exemplaire pour l'avocate de la comédienne mais c'est encore insuffisant pour changer les mentalités : "Alors même qu'elle a gagné au conseil de prud'hommes au mois de mai 2023, alors même qu'il y a eu une audience publique où les enregistrements ont été lus [...] et bien, il y a des gens qui ont continué à soutenir le théâtre de Stains et à dire que ma cliente é tait une menteuse", regrette maître Maud Beckers, avocate de Jamila.

De peur d'être définitivement grillées dans leur milieu professionnel, beaucoup de femmes renoncent à des poursuites. En 2021, sur 7 000 saisines enregistrées par la défenseure des droits pour des cas de discrimination, plus de 3% avaient pour motif la grossesse.

Si vous êtes victime ou témoin de discrimination, contactez le 39 28 ou consultez la plateforme antidiscrimination.fr 

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