Le projet est jugé trop commercial et contraire aux exigences économiques et urbaines.
Un projet à 600 millions d’euros qui fait débat. La mairie de Paris a déposé ce jeudi 3 septembre un recours gracieux auprès du préfet de la région Ile-de-France contre le plan de restauration de la gare du Nord. Le permis de construire avait été accordé le 7 juillet dernier.
Le préfet de région, Michel Cadot, a deux mois pour répondre. "On espère être suffisamment convaincants pour qu’il juge pertinent de retirer le permis de construire et d’en déposer un nouveau", justifie Emmanuel Grégoire, premier adjoint et chargé de l’urbanisme. Dans le détail, la mairie juge le projet trop commercial et contraire aux exigences économiques et urbaines.
Le plan, mené par SNCF Gares & Connexions et Ceetrus, filiale d’Auchan, prévoit de multiplier par cinq la surface marchande et de créer un véritable centre commercial. Une salle de spectacle de 2 800 places, un parking pour 2 000 vélos et un toit terrasse végétalisé d’un hectare doivent également voir le jour.
Un projet trop dense
"Tel qu’il a été déposé, le permis de construire génère un objet beaucoup trop dense qui ne s’intègre pas du tout dans le quartier et complique la circulation des voyageurs à l’intérieur de la gare", estime Alexandra Cordebard, maire (PS) du Xe arrondissement. La Ville de Paris demande alors la réduction du projet avec la soustraction de 15 000 m2. Mais SNCF Gare & Connexions et Ceetrus n’entendent pas retirer plus de 8 000 m2 de leur projet.En plus de la ville de Paris, des associations de citoyens ont également déposé deux autres recours contre le plan de restauration de la gare. Celles-ci contestent notamment l’étude d’impact du projet. La Commission nationale d’aménagement commercial (CNAC) aurait minimisé les conséquences de cette restructuration sur les commerces du quartier et de la banlieue nord. Un avis partagé par la maire du Xe arrondissement : "Cela crée une surface commerciale gigantesque, dont ni le Xe, ni Paris et encore moins les villes de banlieue qui font des efforts pour ré-urbaniser et dynamiser leurs commerces n’ont besoin".
Pour les collectifs de quartier, le projet se fait au détriment des voyageurs. "Ce projet oblige l’usager à montrer d’un étage, passer par la galerie marchande pour redescendre sur les quais", décrit Nathalie Lequeux, secrétaire générale du comité des habitants gare du Nord – La Chapelle.Ils construisent des passerelles pour faire passer les usagers par leur espace commercial.
> Le reportage d'Abdel Joudi et Merak Movsissian