Vingt-sept millions de pièces que vous ne verrez jamais : la Monnaie de Paris dit avoir "anticipé" et regrette son erreur

La Monnaie de Paris a été obligée de détruire 27 millions de pièces qu'elle a frappées... sans attendre la validation de la Commission européenne, selon des révélations de La Lettre et confirmées par France 3 Paris Île-de-France. La Monnaie de Paris évoque quant à elle une "anticipation" qui "ne coûtera rien au contribuable".

Une erreur à près d'un million d'euros ? Selon nos confrères de La Lettre dans un article publié ce 11 janvier, Marc Schwartz, directeur général de la Monnaie de Paris, aurait donné l'ordre en novembre dernier de faire frapper en urgence près de 27 millions de pièces de 10, 20 et 50 centimes dotées d'un nouveau design, retoqué par la Commission européenne.

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Une "grosse bourde" – d'après La Lettre – qui a entraîné la destruction de millions de pièces pour un coût estimé entre 700 000 et 1,2 million d'euros pour l'une des plus anciennes institutions monétaires du monde.

"Impatient", selon nos confrères, Marc Schwartz aurait souhaité présenter ces nouvelles pièces lors d'un déplacement du ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire le 7 décembre à l'hôtel de la Monnaie, dans le 6e arrondissement de Paris.

Nous ne souhaitons pas commenter ce volet polémique de l'article [de La Lettre, ndlr], et que nous ne comprenons pas

Monnaie de Paris

auprès de France 3 Paris Île-de-France

Ainsi, les ouvriers de l'usine de Pessac, en Gironde, auraient fait les "trois-huit" durant quatre jours consécutifs pour répondre à la demande de la direction à Paris.

Contactée par France 3 Paris Île-de-France, la Monnaie de Paris dit ne pas souhaiter commenter "ce volet polémique de l'article" du quotidien d'investigation La Lettre, "et que nous ne comprenons pas".

Or, selon La Lettre, la Monnaie de Paris n'a pas attendu les 7 jours réglementaires, pourtant obligatoire, ainsi que la validation par la direction générale des affaires économiques et financières de la Commission européenne (DG ECFIN) pour frapper les nouvelles pièces. Le retour de Bruxelles est rude : le nouveau design est retoqué en raison d'étoiles "peu lisibles" sur l'une des faces.

Une anticipation pour respecter les délais

Quant à elle, la Monnaie de Paris admet "une phase d'anticipation" de la production "à quelques jours près", regrettant une procédure de validation par la Commission européenne qui a été "inhabituellement longue". "Il fallait faire en sorte que nous puissions envoyer début 2024 les nouvelles pièces à la Banque de France, qui se charge ensuite de les mettre sur le marché", se justifie l'établissement public.

Il fallait faire en sorte que nous puissions envoyer début 2024 les nouvelles pièces à la Banque de France

Monnaie de Paris

auprès de France 3 Paris Île-de-France

Qui plus est, l'établissement public comptait ravir les communautés de numismates dès la fin de l'année 2023 avec une version de ces pièces "en qualité de frappe supérieure à celles de notre porte-monnaie".

Plusieurs facteurs auraient ainsi poussé la direction de l'institution à accélérer le pas. "Notre rôle de frappe, c'est quand même quelque chose qui ne nous est pas étranger."

Le dessin des pièces a passé une étape de validation fin septembre par le ministère de l'Économie

Monnaie de Paris

auprès de France 3 Paris Île-de-France

Or, au même titre que la nouvelle pièce de 2 euros mise en circulation en 2021, la Monnaie de Paris note que le dessin des nouvelles pièces de 10, 20 et 50 centimes avait été validé par la présidence de la République début 2023, ainsi que par les pouvoirs publics fin août. "Le dessin des pièces a passé une étape de validation fin septembre par le ministère de l'Économie, qui est chargé de soumettre le dessin des pièces à la DG ECFIN".

Une facture salée "qui ne coûtera rien au contribuable"

Si la facture peut paraître salée pour la Monnaie de Paris, "cela ne coûtera rien au contribuable", rassure-t-elle. "Nous sommes un EPIC [établissement public de caractère industriel et commercial, ndlr] dont le business model est l'autofinancement. Nous ne recevons pas de subventions publiques."

Notre business model est l'autofinancement. Nous ne recevons pas de subventions publiques. [...] Ainsi, nous assumons cette charge

Monnaie de Paris

auprès de France 3 Paris Île-de-France

La Monnaie de Paris garantit que ces 27 millions de pièces détruites ne seront pas facturées à l'État et qu'elles seront recyclées. "Nous assumons cette charge".

Avec 1,4 milliard de pièces produites par an, la Monnaie de Paris assure que cette situation "regrettable" ne représente que 2% de la production annuelle de l'établissement public. "Nous nous serions bien passés de cette mésaventure."

Si auprès de nos confrères de La Lettre, Marc Schwartz renvoyait la responsabilité à "l'État français", la Monnaie de Paris tient à ne pas renvoyer la responsabilité au ministère, qui a annoncé une évaluation afin de déceler l'origine de cette coûteuse erreur.

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