En plein procès des viols de Mazan, plus de 400 organisations et personnalités ont appelé à manifester ce samedi contre les violences faites aux femmes. À Paris, le cortège est parti en début d'après-midi de la gare du Nord vers la place de la Bastille.
Elles réclament un "sursaut" et une "loi-cadre intégrale" : sur fond d'onde de choc provoquée par le procès hors norme des viols de Mazan, la manifestation parisienne contre les violences faites aux femmes est partie à 14h de la gare du Nord, pour rejoindre la place de la Bastille.
"Violences sexuelles : condamnons l'(in)justice française", "1 viol toutes les 6 minutes", "Pour une éducation féministe à l'école", "Inceste, 1 français-e sur 10 victime"... De nombreux messages affichés sur les pancartes et les banderoles au sein du cortège dénoncent les violences sexistes. La manifestation est organisée à l'appel du collectif #NousToutes.
Cette mobilisation se tient deux jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, prévue lundi. Des manifestations sont prévues dans des dizaines de villes au-delà de la capitale, dont Bordeaux, Marseille ou Lille.
"Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires"
Ces manifestations contre toutes les formes de violences (sexuelles, physiques, psychologiques, économiques...) sont organisées dans un contexte particulier, en plein procès des viols de Mazan - une cinquantaine d'hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari.
Ce procès à l'écho international "montre que la culture du viol est ancrée dans la société, comme la violence envers les femmes", a souligné Amandine Cormier, de Grève féministe, lors d'une conférence de presse mercredi à Paris. "La violence patriarcale s'exerce partout, dans les maisons, sur les lieux de travail, les lieux d'études, dans la rue, dans les transports, dans les établissements de soins...", a-t-elle souligné.
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— CFDT (@CFDT) November 23, 2024
L'appel à la mobilisation a été signé par plus de 400 organisations (Fondation des femmes, Planning Familial, #Noustoutes...) et des personnalités (Angèle, Judith Godrèche et Vanessa Springora...). Des syndicats, dont la CGT et la CFDT avec leurs secrétaires générales Marylise Léon et Sophie Binet attendues à Paris, ont aussi appelé à rejoindre les cortèges. "Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires et en baisse, l'action politique est quasi-inexistante", déplorent les signataires.
"Nous sommes toutes et tous concernés par les violences de genre"
En novembre 2017, Emmanuel Macron avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes une "grande cause du quinquennat", avec pour "premier pilier" la lutte "pour l'élimination complète des violences faites aux femmes". Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été mis en place ainsi que des téléphones grave danger et des bracelets anti-rapprochement notamment.
Des mesures saluées par les associations de défense des droits des femmes qui les jugent toutefois insuffisantes et exhortent le chef de l'État à changer de braquet. En rappelant le soutien du président à Gérard Depardieu, l'adoption au Sénat d'une proposition de loi contre les transitions de genre chez les mineurs, Yéléna Mandengué, membre de #NousToutes, a appelé samedi à un "sursaut car nous sommes toutes et tous concernés par les violences de genre".
"Aujourd'hui nous sommes très inquiets concernant le financement des associations, on ferme des permanences", a abondé lors de la même conférence de presse Sarah Durocher, présidente du Planning familial. Les associations réclament un budget total de 2,6 milliards d'euros par an et une "loi-cadre intégrale" pour remplacer une législation actuelle qu'elles jugent "morcelée et incomplète".
La secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes Salima Saa a promis "des mesures concrètes et efficaces" pour le 25 novembre. Ces mesures viseront entre autres à "améliorer les dispositifs d'aller-vers" les victimes notamment en milieu rural, renforcer "l'accueil et de la prise en charge des victimes" via une "formation des acteurs en première ligne", a-t-elle précisé.