"Il m'avait déjà dit qu'il frappait son ex" : quel est ce centre unique en France qui aide les jeunes femmes victimes de violences ?

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À Bagnolet (Seine-Saint-Denis), Margot est l'une des éducatrices spécialisées du LAO "Pow'Her", un centre unique en France. Il a accueilli près de 450 jeunes femmes victimes de violences conjugales, âgées de 15 à 25 ans.
À Bagnolet (Seine-Saint-Denis), le LAO "Pow'Her", un centre unique en France, a accueilli près de 450 jeunes femmes victimes de violences conjugales, âgées de 15 à 25 ans. Un film d'Aliénor Carrière, co-produit par 13 Prods et France Télévisions avec le soutien de la Procirep-Angoa. ©13 Prods / France Télévisions

En France, une femme sur cinq tuée par son conjoint a moins de 25 ans. À Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, les éducatrices spécialisées du lieu d’accueil et d’orientation (LAO) "Pow'Her" tentent de lutter contre ces violences invisibles. Avec "Hors radar", la documentariste Aliénor Carrière met en lumière leur engagement.

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"Il faut que tu mettes un mur entre ce monsieur et toi". C'est par ces mots que Margot, éducatrice spécialisée au LAO de l'association Une femme, un toit (FIT), tente d'accompagner Marina, une jeune femme de 24 ans qui subit depuis six ans des violences de la part de son compagnon.

"Il m'avait déjà dit qu'il frappait son ex. [...] Je ne pensais pas qu'il allait me faire la même chose. J'avais 18 ans, je ne comprenais pas trop l'amour", se souvient Marina.

Les jeunes adultes et les adolescentes ne sont pas épargnées par les violences sexuelles et sexistes de la part de leur compagnon. Un quart des femmes de 13 à 25 ans ont été victimes d'au moins une forme de violences sexistes et sexuelles en établissement scolaire, selon le baromètre OpinionWay pour l'ONG Plan International France. "Je ne sais pas si les parents peuvent se dire que leurs enfants peuvent être victimes de violences conjugales dès le plus jeune âge", partage Mathilde, éducatrice spécialisée et coordinatrice du LAO de l'association Une femme, un toit (FIT), aussi appelé "Pow'Her".

Je ne sais pas si les parents peuvent se dire que leurs enfants peuvent être victimes de violences conjugales dès le plus jeune âge

Mathilde

éducatrice spécialisée et coordinatrice du LAO Pow'Her

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"La question est : comment nous allons travailler ensemble sur l'emprise de ce jeune homme sur toi ? [...] Tant que tu ne mettras pas de mur, cette emprise sera toujours présente", conseille Margot à Marina. "Tu sens que ce monsieur est derrière, qu'elle est pilotée. C'est une jeune femme qui n'a pas de lien, et qui est isolée en région parisienne", échange Margot avec sa collègue Mathilde. "Elle n'a personne à qui se référer", lui répond-t-elle.

"J'ai vraiment très très peur de ne pas te retrouver un matin"

"C'est un peu compliqué en ce moment", témoigne au téléphone Alma, 23 ans, accompagnée par l'association. "Si jamais ça ne va pas cette nuit, n'hésite pas, tu as le numéro d'astreinte". Même en soirée, Mathilde demeure à l'écoute des jeunes femmes qu'elle suit.

Le lendemain, l'éducatrice spécialisée avoue n'avoir jamais été autant inquiète pour une jeune femme, en trois ans "dans le boulot". "J'ai vraiment très très peur de ne pas te retrouver un matin", lui confie-t-elle, avant de lui demander s'il est possible pour elle de couper tout contact avec son compagnon. "J'ai peur de ce qu'il va me faire après, des répercussions qu'il peut y avoir. J'ai beaucoup de culpabilité et cela me fait de la peine pour lui", regrette Alma, en sanglots.

J'ai peur de ce qu'il va me faire après, [...] cela me fait de la peine pour lui

Alma

jeune femme suivie par l'association

"Pour être très honnête, j'ai dû mal à voir comment tu vas pouvoir te poser et t'apaiser, et te reconstruire tant que monsieur est là, lui répond Mathilde. Je pense qu'il faut déposer plainte. [...] Je ne veux pas te forcer à ça, mais il ne s'arrête pas."

À Bagnolet, le LAO "Pow'Her" dépend de l'association Une femme, un toit (FIT). Depuis 2019, ce centre a accueilli plus de 450 jeunes femmes. Pour continuer à exister, le LAO doit chaque année convaincre des financeurs, aujourd'hui au nombre de 12, originaires de France et d'Europe.

En 2021, la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno avait promis la création de dix centres semblables en France pour 2022, rapportaient nos confrères du Monde . Aujourd'hui, aucun d'entre eux n'a encore vu le jour.

Comme Marina et Alma, les jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans représentent près de 20 % des violences conjugales en Île-de-France, selon l'Observatoire régional des violences faites aux femmes du Centre Hubertine-Auclert de la Région.

→ "Hors radar", un film documentaire d'Aliénor Carrière, à retrouver ce jeudi à 23.10 dans "La France en vrai", sur France 3 Paris Île-de-France et sur la plateforme france.tv/idf.

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