Jour de gloire pour Brigitte Giraud et Simon Liberati. Les deux écrivains viennent d’être primés à Paris, ce jeudi 03 novembre. La première a reçu le Goncourt, quand le second s’adjuge le prix Renaudot.
Ce 03 novembre restera une date inoubliable pour Simon Liberati. Son ouvrage "Performance" a reçu le prix Renaudot, au cours d'une cérémonie au restaurant Drouant à Paris. Quelques minutes auparavant, Brigitte Giraud a pu partager aussi sa joie. La femme de lettres s'est vu décerner le Goncourt, pour son œuvre "Vivre vite".
Double symbole pour cette lauréate méconnue
C'est une consécration à double titre pour Brigitte Giraud. Elle est la première femme à recevoir le plus prestigieux des prix littéraires francophones, depuis "Chanson douce" de Leïla Slimani en 2016. L'écrivaine est en outre la 13ème lauréate récompensée, depuis la création du prix il y a 120 ans.
La femme de lettres de 60 ans l'a emporté au 14ème tour d'un scrutin très serré. La successeur du Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr faisait face à Giuliano da Empoli. La voix du président Didier Decoin qui compte double a fait la différence. Longtemps favori, son concurrent âgé de 49 ans, qui a publié en avril "Le Mage du Kremlin" (éditions Gallimard), se contente finalement du Grand Prix du roman de l'Académie française, remporté fin octobre.
L'Académie Goncourt a fait le choix d'une auteur peu connue du grand public et pas habituée aux gros chiffres de vente, poursuivant ainsi un certain renouveau. Lyonnaise, native d'Algérie, Brigitte Giraud a écrit une dizaine de livres, romans, essais ou nouvelles. L’écrivaine a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2007 pour le recueil "L'amour est très surestimé". En 2019, elle a été finaliste du prix Médicis pour "Jour de courage".
En choisissant "Vivre Vite", les jurés Goncourt élisent un récit sobre et sensible, qui a été tout de suite bien accueilli par la critique. L’ouvrage paru chez les éditions Flammarion revient sur l'engrenage d'événements improbables ayant mené à la mort du mari de cette auteur. L'autrice s'inspire du drame de sa vie, le 22 juin 1999 à Lyon, lorsque son mari Claude démarre trop vite à un feu, avec une moto trop puissante qui n'est pas la sienne, et tombe. Il ne s'en relèvera pas.
Brigitte Giraud a fait face en finale à sa consœur haïtienne Makenzy Orcel ("Une somme humaine", chez Rivages), mais aussi à Cloé Korman ("Les Presque sœurs", éditions du Seuil). Il s'agit d'une auteur mais aussi de la plume des discours du ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye.
Les Rolling Stones, recette gagnante pour le Renaudot
Pour sa part, le prix Renaudot a été attribué à Simon Liberati pour "Performance". La cérémonie s’est tenue juste après celle du Goncourt, dans le même restaurant du quartier de l'Opéra à Paris. Liberati a choisi de raconter l’histoire d’un écrivain septuagénaire qui renoue avec le feu sacré en écrivant un scénario sur les Rolling Stones. Homme de lettre qui a ensuite une relation avec une femme de près de 50 ans plus jeune que lui. Le nouveau lauréat a recueilli six des neuf votes des jurés.
Le journaliste né en mai 1960 à Paris a notamment collaboré aux magazines FHM et Grazia après des études à la Sorbonne. À 44 ans, il publie son premier ouvrage, "Anthologie des apparitions" (Flammarion), considéré par beaucoup comme un roman culte sur l'adolescence. Le personnage de son deuxième livre paru en 2007, "Nada exist" était un photographe de mode décadent.
Son troisième roman, "L'hyper Justine", a obtenu en 2009 le prix de Flore. Il raconte l'histoire d'un petit escroc fasciné par une jeune anglaise mêlée à un projet cinématographique inspiré de Sade. En 2011, il remporte le Femina pour "Jayne Mansfield 1967", sur l'actrice et pin-up peroxydée au destin tragique. Quatre ans plus tard, Simon Liberati consacre un livre à son ancienne compagne, la romancière Eva Ionesco, qui fut une des habituées du Palace au tournant des années 80.
Les prix littéraires, qui inspirent souvent les Français souhaitant découvrir ou offrir un roman en fin d'année, sont un enjeu économique crucial. Le Goncourt en particulier garantit des centaines de milliers de ventes, mais aussi l'attribution d'un chèque de dix euros, que les bénéficiaires en général préfèrent encadrer plutôt que le déposer à la banque.
Source : Agence France-Presse (AFP)