A l'occasion des 10 ans des émeutes en banlieue, Philippe Doucet,ancien maire socialiste d'Argenteuil, organisera un colloque sur ce thème. Pour le député du Val d'Oise, qui sera sur les listes de Claude Bartolone dans son département, "la gauche doit reparler aux banlieues" pour les régionales.
En novembre, la France "célébrera", les dix ans des émeutes en banlieue, suite au drame de Clichy-sous-Bois. Cela suffira-t-il à inscrire la question des quartiers difficiles dans la campagne des régionales ? "Pas sûr", répond Philippe Doucet, député socialiste du Val-d'Oise.
La banlieue, moins en vogue dans le débat public
Le 25 octobre, il fêtera un autre dixième anniversaire. En 2005, il était conseiller municipal, quand Nicolas Sarkozy prononça sa fameuse petite phrase sur "la racaille", reprenant un mot d'une habitante de sa ville.
Il y a dix ans, la banlieue était donc au centre du débat public. Philippe Doucet regrette que ce soit un peu moins le cas. "En ce moment, à toutes les réunions, on nous bassine avec la ruralité", s'emporte-t-il. 'Le vote FN bouffe la tête", poursuit-il, évoquant l'apparition des "fameuses zones périphériques" où Marine Le Pen prospère, dans la sphère des discussions politiques.
Et de citer en exemple un propos récent de Nicolas Sarkozy au cercle Choiseul 100. "Les banlieues doivent arrêter de culpabiliser la France", a déclaré le président des "Républicains" expliquant "que les ruraux n'ont pas brûlé d'abribus et que pourtant ils crèvent".
Une opposition des territoires devenue classique depuis quelques années et qui trouve un écho en Ile-de-France dans la partition entre première et seconde couronne. Une partition géographique et électorale. La première couronne vote à gauche et la seconde à droite et à l'extrême-droite. Les populations étant sensiblement égales en nombre.
La gauche doit reparler aux banlieues
La capacité de la gauche à mobiliser son électorat est donc une des clés des élections régionales de décembre prochain en Ile-de-France.
"La gauche doit reparler aux banlieues", martèle Philippe Doucet. En juillet dernier, il faisait partie de la délégation d'élus socialistes franciliens reçue par François Hollande. Tous lui ont relayé le même discours pour expliquer les défaites électorales. La gauche a perdu l'électorat de banlieue. Tous lui ont enjoint de reprendre des déplacements dans ces quartiers qu'il avait sillonné pendant la campagne présidentielle de 2012. "Ils me disent tous la même chose. En 2012, on a voté pour lui. Le mec, il nous calcule pas depuis. On ne va pas revoter pour lui", raconte Philippe Doucet. Et à fortiori pour les prochaines régionales.
Reparler donc mais faut-il le faire avec les mêmes mots ? "La Politique de la Ville n'est plus un étendard", juge Philippe Doucet regrettant la valse des ministres au poste depuis 3 ans. "On nous avait promis l'implication des habitants dans le processus de décision et ça se termine par des contrats de ville avec le sous-préfet. C'est toujours la bureaucratie", fustige-t-il.
Pour Philippe Doucet, "en banlieue, il faut construire un discours sur l'estime de soi". Ce sera le sens d'un colloque qu'il organisera le 29 octobre à Argenteuil, qu'il présente "comme une réflexion sur l'imaginaire de la banlieue".
"Même si vous mettez plus de train, même si vous rénovez les espaces publics, si vous ne travaillez pas l'estime de soi, ça n'ira pas plus loin. Les habitants des banlieues difficiles ont besoin qu'on leur parle. D'être pris en considération", poursuit-il.
Ce sera l'occasion pour lui de présenter des propositions pour une nouvelle logique de la Politique de la Ville. Propositions qu'il mettra à la disposition de Claude Bartolone pour les régionales. Philippe Doucet devrait être sur les listes socialistes dans le Val-d'Oise.