Procès des attentats de janvier 2015 : "Je paye juste mon amitié avec Amedy Coulibaly"

Les auditions des complices présumés d'Amedy Coulibaly et des frères Kouachi se poursuivent aujourd'hui. Ali Riza Polat, qui encourt la prison à perpétuité, a tenu à se désolidariser des actes du tueur de Montrouge et de l'Hyper Cacher. Se disant victime de "balances". 

Il est 9h40. Ali Riza Polat est le premier à se présenter à la barre en ce troisième jour d’audiences consacrées aux attentats de janvier 2015. Crâne rasé, chemise blanche, bras croisés, bouche masquée, dans une attitude plutôt décontractée au vue de la gravité des faits qui lui sont reprochés, l’homme s’adresse sans détour au président Régis de Jorna.

Je suis innocent des faits qu’on me reproche. Si je suis là aujourd’hui, c’est à cause de balances mythomanes. Ils voient que je parle pas donc ils balancent mais ils mentent.

Puis il ajoute agacé "je suis en prison pour rien". Le franco-turc de 35 ans, qui a grandi à la Grande Borne (Essonne), est pourtant considéré par les juges comme le bras droit d’Amedy Coulibaly dans la préparation de ses attaques. Des faits pour lesquels il encourt la peine la plus lourde parmi les accusés présents : la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’actes terroristes. "Je paye juste mon amitié avec Amedy. Je me désolidarise de ce qu’il a fait", s’énerve dans son box Ali Riza Polat.
Une amitié qui se serait nouée en 2007 dans le quartier de la Grande Borne d’où sont originaires les deux hommes. Ali Riza Polat avait 22 ans. "Vous venez du même endroit, vous ne vous connaissiez pas depuis l’enfance ?" demande une avocate. "Hé, calmez-vous ! On a pas fait les 400 coups ensemble ! Il est tout le temps en taule le mec ! On peut reprendre son casier judiciaire", rétorque l’accusé.
Nous n’en saurons pas plus sur les liens qui les unissent à ce stade du procès. Car pendant plus d’une heure, c’est la personnalité d’Ali Riza Polat qui est balayée. De son enfance "normale" malgré un père violent "qui ne l’aime pas", à son entrée dans la délinquance après un BEP mécanique auto raté, toujours le même leitmotiv : l’argent.

Ma vie c’est que ça, le business. C’est que pour l’argent. Car quand t’as pas d’argent, t’as rien. Je voulais des belles choses.

Petits larcins à 14 ans, trafic de stupéfiant à 16 ans, Ali Riza Polat fait son premier séjour en prison à 24 ans. Il raconte s’y être endurci au contact de « mecs de la cité qui étaient millionnaires » grâce au trafic. Le trafic de drogue, Ali Riza Polat va cependant y mettre un terme en 2014 "écoeuré par ce milieu où il n’y a que des balances et des indics". "Rien à voir avec votre conversion à l’Islam ?" l’interroge le président du tribunal. "Non." Car l’homme au parler cash, qui se présente comme un caïd de banlieue, explique continuer par ailleurs les escroqueries.

Je fais comme tout le monde. Je prie et je commets des péchés.

Une activité qu’il ne compte pas arrêter lorsqu’il sortira de prison. Ali Riza Polat vient de faire une demande de remise en liberté. "Je l’ai déjà dit, je vais faire du banditisme encore plus !"
La dernière question du président Régis de Jorna pour clore cette audition concerne les attentats auxquels son nom est désormais associé : "Quel est votre sentiment sur les actes commis dans les locaux de Charlie Hebdo et dans l’Hyper Cacher ?". La réponse est brève. "Ce n’est pas bien, je l’ai dit". Ali Riza Polat devrait être entendu plus longuement d’ici quelques semaines. Le procès est prévu jusqu’au 10 novembre.
 
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