Epuisés par la gestion de la crise, les directeurs d'école dénoncent depuis longtemps un manque de moyens. Le ministère de l'Education a annoncé plusieurs mesures pour améliorer leur quotidien, une première avancée selon eux.  

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Dernier jour d’école d’une année que tous décrivent comme inédite. Amélie*, directrice dans une commune rurale confie être ravie que l’année se termine: "On était très content de retrouver nos élèves mais on a un peu la tête sous l’eau !". Cette jeune directrice qui s’est sentie "un peu laissée tombée" par le ministère pendant le confinement a regardé attentivement  les mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer en cette avant-veille de vacances. Comme beaucoup de directeurs, elle attend des changements et surtout "plus de temps !".

Du temps supplémentaire 

Une revendication semble-t-il entendue par le ministre qui affirme vouloir améliorer leur quotidien en leur accordant plus d’autonomie et moins de charges. Les directeurs départementaux (DASEN) pourront accorder des décharges ponctuelles complémentaires aux directeurs d’école. Une mesure qui permettrait d’accorder plus de temps aux directeurs pour s’occuper de l’organisation de l’école. Car de nombreux directeurs d’école enseignent souvent aussi à une classe et sont déchargés d’une ou plusieurs journées de l’enseignement pour s’occuper de l’établissement. Amélie fait la classe trois jours par semaine à ses élèves de CM1-CM2 et s'occupe des tâches administratives et des projets pédagogiques le reste du temps.  

Une plus grande autonomie

Autre mesure : les directeurs auront pleine autonomie dans la programmation et la mise en œuvre des 108 heures d’obligation de service. Jusqu'à maintenant, les enseignants doivent consacrer une centaine d'heures par an aux conseils d’école, des maîtres, à l’aide pédagogique…, et ce sont les inspecteurs d’académie qui les programment.  Dorénavant, les directeurs d’école pourront le faire.
"C’est une avancée importante parce que c’est un besoin que les équipes expriment souvent. Toutes les écoles ne sont pas identiques donc c’est important d’adapter les choses », affirme Laaldja Mahamdi, directrice d’école à Paris et syndiquée au Snuipp, syndicat majoritaire dans le premier degré.

Amélie souhaiterait voir évoluer le statut. Aujourd’hui, les directeurs ne sont pas les chefs d’établissement et ne sont pas les supérieurs hiérarchiques des enseignants comme dans les collèges ou lycées. "On n’a pas d’autorité mais l’interlocuteur de la mairie, c’est nous ! On n’est pas légitimé", déplore t-elle. Une position non partagée par le Snuipp.

Des aides administratives renforcées

Particulièrement fatigués notamment avec les mises en place des différents protocoles sanitaires, les directeurs souhaiteraient être aidés dans les tâches administratives. Un point sur lequel souhaite s’engager le gouvernement affirme le ministère. "Dès la rentrée prochaine 12 500 jeunes du service civique viendront en appui dans les écoles notamment pour aider dans la relation avec les familles. Un plan de recrutement par la voie de l’apprentissage est lancé.  Des étudiants en formation post-bac spécialisés dans l’accompagnement administratif (BTS, DUT), permettront aux directeurs d’école qui y auront recours de disposer d’une aide administrative professionnelle et durable", indique le ministère.

Mais pour le Snuipp, ces annonces ne sont pas satisfaisantes. "Cette aide administrative existait, elle a été supprimée il y a quelques années. Pour qu’elle soit efficace, il faudrait qu’elle soit à long terme. Des services civiques de 6 mois, ça ne suffira pas", assure Laaldja Mahamdi. "Quand vous regardez un collège de la même taille que mon école, environ 300 élèves, le principal peut s’appuyer sur un secrétariat, un CPE, un adjoint, ça fait au moins 4 personnes pour l’aider alors que les directeurs d’école sont seuls et on s’occupe en plus de la pédagogie", remarque-t-elle. 
Une indemnité exceptionnelle devrait également être accordée à l’automne aux directeurs.

Ces mesures font notamment suite à la consultation lancée par le ministère en novembre 2019 après le suicide d’une directrice d’école à Pantin. "Le drame qui a frappé Christine Renon a bouleversé l’ensemble de la communauté éducative et renforcé la nécessité urgente d’améliorer la situation des directeurs d’école", indique le communiqué du ministère. Au Snuipp 93, où était syndiquée Christine Renon, la douleur est toujours forte et les attentes importantes. "C’est toujours une plaie ouverte, surtout à Pantin ", confie Caroline Marchand, co-secrétaire départementale. " Faut arrêter la poudre aux yeux et avoir un peu de concret pour les directeurs et les enseignants", défend-elle.

Amélie attend aussi "des mesures concrètes. Je ne suis pas vraiment rassurée, mais au moins il pense à nous"», confie la directrice. En attendant, elle veut savourer ce dernier jour d’école avec ses élèves de CM2 et terminer cette année assurément exceptionnelle "sur un bon souvenir".

* Le prénom a été modifié
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