REPORTAGE. Occupation de la Gaité Lyrique : "Quand tu vis dehors, tu es livré au danger. On dit non à tout cela", toujours pas de solution d'hébergement pour les migrants

La Gaîté Lyrique est fermée au public depuis ce mercredi. 250 migrants occupent toujours la salle de spectacle parisienne dans l’attente d’une solution de mise à l’abri.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Sur la façade, rien n’a bougé. Quatre kakémonos surplombent toujours les immenses portes de l’espace culturel de la Gaité Lyrique. Les valeurs sont placardées : "participatif, artistique, festif, engagé".

A la Gaité Lyrique, la vie culturelle s’est arrêtée. "Hier, on a décidé de fermer le bâtiment, car on estimait que les conditions n’étaient plus réunies pour accueillir le public de façon sereine", explique David Robert, porte-parole de la Gaité Lyrique. "Il y a 250 personnes qui dorment sans matelas dans un espace d’exposition, avec seulement 3 sanitaires. Malgré la preuve de la volonté de calme de la plupart des personnes, cela crée des tensions." 

A l’intérieur, deux vigiles tentent de filtrer les entrées. A côté, des migrants et des jeunes femmes plaisantent, assis sur des chaises. Une grande banderole barre le mur du hall d’entrée : "Des places, il y en a pour loger tous les MNA" (NDLR : Mineurs Non-Accompagnés). Le message est signé du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, un regroupement de jeunes migrants, militants associatifs et habitants engagés du XXe arrondissement, né l’an passé. Mardi 10 décembre, ils investissent ce lieu fréquenté habituellement par des étudiants, des amateurs d’art ou un public en situation de précarité, de passage pour un petit-déjeuner solidaire ou le temps recharger leur portable.

La Gaité Lyrique a suspendu son activité

"Ils ont été de plus en plus nombreux jusqu’à la fermeture", se remémore David Robert. "Ils nous ont signifié leur intention de ne pas partir." 

Nous subissons cette situation, même si pour nous, il est impensable de mettre des jeunes à la rue en plein hiver à Paris.

David Robert, porte-parole de la Gaité Lyrique

Le site culturel a bien tenté de maintenir sa programmation culturelle durant une semaine. Avant de se rendre à l’évidence et de fermer. Les responsables estiment que plusieurs centaines de milliers d’euros auraient été perdues avec l’annulation notamment d’exposition et du festival Marathon.

A l’étage, Julien (NDLR : son nom a été modifié) vient de passer sa huitième nuit au 1er, dans un immense dortoir improvisé. Le jeune homme qui endosse le rôle de "délégué" milite pour l’accès de ces camarades à un logement, à l’école, à la santé, aux soins "comme tous les enfants français". "On en a marre de vivre à la rue. Quand tu vis dehors, tu es livré au danger. On dit non à tout cela. On veut un hébergement. C’est pour cela qu’on a occupé la Gaité", martèle ce jeune homme qui précisera juste avoir 17 ans, sans donner plus de détail sur sa situation. 

Statu-quo des autorités

Une "mise à l’abri" par l'État, voilà l’objectif affiché de ce collectif de jeunes migrants soutenus par une centaine de militants volants. Et de rappeler la précédente victoire obtenue lors de l’occupation de l’Académie du Climat, du Cent-quatre et de la Maison des Métallos. 800 places trouvées et 200 jeunes scolarisés.

En attendant, ces jeunes hommes qui se revendiquent comme mineurs occupent leur journée entre cours de français, jeux de cartes et rassemblement pour discuter de la suite du mouvement. Autour, la solidarité s'organise. Des associations ou des particuliers transmettent de quoi manger ou se laver. De quoi tenir quelques jours de plus…

"Les migrants reconnus majeurs" selon la préfecture

Au niveau des autorités, tout le monde se refile le dossier. Le premier adjoint de la maire de Paris, Patrick Bloche a proposé lundi d’installer ces migrants dans le lycée Brassaï dans le 15e arrondissement de Paris. Cet établissement désaffecté appartient à la mairie de Paris.

Selon la Région, il ne peut pas accueillir de migrants. "Le lycée Brassaï doit accueillir les élèves du lycée hôtelier pendant que se déroulent les travaux du lycée Fresnel qui doit les accueillir en septembre 2025", détaille la Région dans un communiqué de presse.

La préfecture de région précise de son côté que pour "l'occupation de la Gaité lyrique, il s'agit d'une occupation illicite d'un bâtiment par des migrants reconnus majeurs par les services sociaux de la Ville de Paris.  Il appartient au propriétaire, s'il le souhaite, de saisir les autorités judiciaires et de police de cette situation."

Mamadou, lui, garde espoir. Il sait qu'une solution sera trouvée. Il vient tous les jours soutenir ses camarades. Agé de 16 ans, ce Sénégalais a été placé dans un foyer à Melun. Sa minorité a été reconnue par la justice.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information