Le projet de rénovation de la Porte de Montreuil avance. Depuis longtemps, la mairie de Paris veut transformer ce vieux marché venu du 19ème siècle. Les nombreux commerçants des puces installés là depuis des décennies ne sont pas dupes : l'opération vise aussi à les déloger
Le marché aux puces de Montreuil, qui se tient là depuis 1860, est, à l'origine un marché populaire local comme il y en avait d'autres à Paris. Mais la sociologie de l'endroit en a fait, au fil des décennies, un marché spécifique et assez atypique.
Avec le temps, le marché est devenu le temple de la "fripe" et du vêtement ancien. Un marché où l'on trouve, depuis longtemps, des vêtements introuvables ailleurs. Vêtements au sens large qui comporte tout ce qu'il faut pour se vêtir, chaussures, gants ou chapeaux compris. Avec le temps, le marché est devenu l'un des trois marchés aux puces que compte la bordure de Paris.
Un marché de pauvres
Mais le marché aux puces de Montreuil a aussi une autre particularité liée à son histoire et là encore à la sociologie du quartier : c'est un marché de pauvres. Et ses puces ne sont pas les mêmes que celles de Saint-Ouen, qui, tourisme aidant, est devenu un marché aux brocanteurs de luxe, aux antiquaires parfois haut de gamme. Les puces de Montreuil, c'est un univers de petites gens, un marché où ni les clients ni les commerçants ne roulent sur l'or.
Les puces de Montreuil ont beau s'appeler ainsi, l'espace sur lequel elles se tiennent est le territoire parisien. Le lieu appartient à la ville de Paris. Une ville de Paris qui travaille son image de "première destination touristique du monde" et veut maintenant toiletter ces lieux, parmi les derniers à ne pas être encore passé au "coup de peinture rafraîchissant" entrepris partout dans la capitale depuis quelques années. Une "mise à jour" baptisée dans le langage municipal moderne "requalification urbaine", comprenez "nettoyage et rénovation".