Retour sur l'histoire de ce qui est devenu ensuite une page emblématique de la Grande Guerre, l'épisode des Taxis de la Marne, taxis parisiens appelés par le général Gallieni les 5 et 6 septembre 1914, pour acheminer au front les derniers soldats encore disponibles
Début septembre 1914: l'armée allemande est aux portes de Paris après un mois de guerre, et la situation semble désespérée pour les forces françaises, mal équipées et mal commandées, qui battent partout en retraite avec leurs alliés britanniques.
Alors que l'armée française est en pleine déroute, un vent de panique souffle dans la capitale.
Le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, et Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, souhaitent déclarer Paris "ville ouverte" pour éviter le combat à Paris et les dégats qui vont avec. Mais René Viviani, le président du Conseil, refuse et nomme le général Gallieni gouverneur militaire de Paris. Celui-ci forme immédiatement une armée autonome chargée de la défense de la capitale.
Le 2 septembre, le gouvernement part s'installer à Bordeaux. Il ne veut pas, comme en 1870, se trouver dans un Paris encerclé par l'ennemi.
Mais le 3 septembre, des aviateurs français voient l'aile droite allemande arrivant par le nord délaisser Paris pour marcher vers le sud-est, là où se trouve le gros de l'armée française qui est parvenue à se replier en assez bon ordre sur la Marne: les généraux allemands croient à tort qu'elle est en pleine débandade, et ils pensent pouvoir lui porter le coup de grâce plus vite que prévu.
Or, en changeant de direction, la Première armée allemande dirigée par le général Von Kluck présente son flanc aux forces françaises massées autour de Paris, erreur que Joffre saisit immédiatement pour passer à l'attaque entre Senlis et Meaux.
Dès lors, estimant que les risques pour Paris se sont éloignés, pour acheminer plus vite les hommes de la capitale vers le front, Gallieni prend de son côté l'initiative spectaculaire de réquisitionner quelque 700 taxis parisiens.
Ces fameux "taxis de la Marne" n'emmèneront que quelques milliers de combattants sur le front où se massent des centaines de milliers d'hommes, et ils ne joueront qu'un rôle militaire marginal. Mais l'impact psychologique de l'opération, immédiatement exploitée par la propagande française, sera énorme.