À son procès, Rédoine Faïd explique son évasion car il est un "drogué de la liberté"

Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd est jugé pour son évasion de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en 2018 à bord d'un hélicoptère. Celui qui a gardé le silence pendant l'enquête a été entendu par la cour pour la première fois ce vendredi

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Rédoine Faïd veut s'excuser auprès de tous, pour "les dégâts qu'a faits cet appel de la liberté que j'ai eu". "C'est une addiction que j'assume et qui me consume, et dont je n'arrive pas à guérir", a-t-il indiqué aux juges lors de son interrogatoire, dit de personnalité ce vendredi.

"Je voudrais demander pardon à mon frère Rachid et aux membres de ma famille qui se sont présentés" pour témoigner à la barre, a poursuivi l'homme âgé de 51 ans, pull vert et crâne rasé.

Son frère Rachid, 65 ans, à ses côtés dans le box, est accusé d'avoir organisé sa spectaculaire évasion, et d'avoir pris place dans l'hélicoptère qui s'est posé dans la cour du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018.

Un autre frère et trois neveux, dont certains "ici n'ont rien fait", jure Rédoine Faïd, sont également jugés pour l'avoir aidé lors de l'évasion ou de sa cavale de trois mois.

Maintenu à l'isolement pendant des années

"J'ai conscience de ça, je prendrai mes responsabilités", promet celui qui a gardé le silence sur les faits pendant l'enquête. Maintenu à l'isolement en prison depuis des années, Rédoine Faïd semble avoir beaucoup envie de parler.

"Je ne banalise pas ce qui s'est passé", jure celui qui veut aussi s'excuser auprès du pilote d'hélicoptère pris en otage, arme braquée sur la tête. Le pilote est absent de l'audience vendredi.

"Je suis dégoûté d'être encore en cour d'assises, d'avoir encore commis l'irréparable", assure aussi le braqueur, dont c'est loin d'être le premier procès, et qui s'était déjà évadé de prison de manière spectaculaire en 2013. "Mon parcours de vie est fait de beaucoup de prison."

Le frère aîné jugé pour l'organisation de l'évasion

Ce jeudi, c'était au frère de Rédoine Faïd, Rachid, d'être entendu. Le père parti, son grand frère Rachid promet sur son lit de mort à sa mère (morte d'une leucémie) qu'il "veillerait sur les petits" de la fratrie de 11. Dont Rédoine, de 14 ans son cadet. Il a alors 18 ans.

"C'est en grande partie ce pourquoi il se trouve devant vous", dit à la cour d'assises de Paris la femme de Rachid Faïd, Nadjah, petite femme au chignon noir et au ton décidé. "Il a une qualité qui est aussi un défaut, il est généreux, et pense toujours aux autres avant lui."

Généreux au point, selon les enquêteurs, d'avoir été le "chef" du projet de l'évasion spectaculaire de son petit frère, d'avoir pris un pilote d'hélicoptère en otage pour le faire se poser dans la cour du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018, avant de faire sauter les portes menant aux parloirs à la disqueuse pour en faire sortir Rédoine, qui y purgeait plusieurs condamnations.

"Vous vous êtes senti dépassé ?", demande la présidente à Rachid.

"J'ai jamais été dépassé, non. Mais y a eu un raté", dit-il en allusion au parcours de son frère Rédoine, qui commet ses premiers hold-up, peu après le décès de sa mère. "Si j'avais fait mon travail correctement... peut-être que j'ai loupé quelque chose", réplique-t-il. Il n'est pas censé être interrogé sur les faits lors de cette audience, mais il y revient.

"Il a besoin de moi", dit-il au sujet de son frère Rédoine. "Je peux pas m'imaginer un jour lui dire 'je peux pas t'aider'. Mais j'ai fait une grosse connerie", continue-t-il. "Je regrette. Là, en voyant mes enfants, je regrette". "C'est mon côté samaritain", conclut-il, "je suis comme ça".

"Vous regrettez en voyant vos enfants là?", s'étonne la présidente. "Mais enfin, ça s'est pas fait sur un coup de tête, il a fallu organiser..."

"Oui, mais ça je m'expliquerai plus tard", lâche-t-il.

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