Affaire Estelle Mouzin : dix-sept ans d’enquête

Michel Fourniret et Monique Olivier sont attendus ce jeudi pour une confrontation à Guermantes (Seine-et-Marne), dix-sept ans après la disparition d’Estelle Mouzin. 
 

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Cela fait presque deux décennies que la famille d’Estelle Mouzin attend de connaître toute la vérité sur la disparition de la fillette. Ce jeudi, la juge d'instruction Sabine Khéris, organise un face à face entre Michel Fourniret et son ex-épouse Monique Olivier à Guermantes (Seine-et-Marne), là où avait disparu la fille, le 9 janvier 2003. Le couple devrait arriver sur place en milieu d'après-midi et reparcourir le trajet qu'avait pris Estelle Mouzin le jour de sa disparition. 

Si le tueur en série a été mis en examen en novembre 2019, pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" - après avoir fini par avouer sa responsabilité dans l'affaire: "Je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute", avait-il déclaré à la juge - le corps d'Estelle reste introuvable. La justice espère que cette confrontation permettra de faire toute la lumière après des années d’enquête. 
 

Disparition le 9 janvier 2003

Estelle Mouzin disparaît un soir d'hiver 2003 à Guermantes en Seine-et-Marne. Ce 9 janvier, la fillette de 9 ans rentre de l’école. Un passant affirme l'avoir vue près d'une boulangerie vers 18 heures. Elle n'arrivera jamais au domicile de sa mère. La gendarmerie est prévenue dans la soirée.
 


Une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration de mineur de 15 ans" est ouverte à Meaux dès le lendemain. Dans les jours et les mois qui suivent des habitants du village sont interrogés, certains placés en garde à vue, puis libérés. Leurs emplois du temps scrutés et reconstitués dans les moindres détails. Aucune piste n’en ressortira.

Une enquête colossale

Les enquêteurs pensent rapidement que la fillette a été victime d'un "prédateur" sexuel. Une mobilisation, populaire et judiciaire hors norme, s’organise. Affiches, pancartes, appels à témoins sont partagés à travers le pays. Le visage de la fillette collé sur toutes les vitrines, les commerces, les points de passage. 

Cent trente-quatre militaires ratissent en vain des bois autour de Guermante à la recherche de la petite. La police interroge 75 pédophiles pouvant avoir un lien avec la zone de recherche.

Mais aucune piste ne permet aux enquêteurs d’en savoir plus sur Estelle. En 2010 une photo mise à jour montrant à quoi ressemblerait Estelle Mouzin à 16 ans est diffusée, sans succès.

Le temps passe, les juges d’instruction se succèdent, huit au total. Le dossier Estelle Mouzin, représente 85 000 pages de procédures.

La piste Michel Fourniret

En 2003, au moment de la disparition de la fillette, Michel Fourniret est déjà connu de la justice. Depuis 1967 il a fait l'objets de plusieurs condamnations et de périodes d'incarcération pour des agressions sexuelles. Au début des années 90, après avoir vécu dans les Ardennes, il habite à Sart-Custinne, en Belgique, avec sa troisième épouse Monique Olivier.

Le 26 juin 2003, à Ciney, non loin de Namur, en Belgique, Michel Fourniret enlève en voiture Marie-Ascension, 13 ans, sur le chemin de l'école. L'adolescente parvient à s'échapper et Michel Fourniret est arrêté. L'affaire est portée à l'attention des enquêteurs de Versailles qui disent étudier son dossier. Mais Fourniret a un alibi. Le 9 janvier 2003, il était en Belgique, à 200 km de Guermantes. Il affirme avoir appelé son fils au moment même de la disparition.

En 2010, alors qu'il nie encore son implication dans cette affaire, des éléments sur Michel Fourniret sont transmis par le procureur de la République de Charleville-Mézières au parquet de Meaux, après la découverte d'un enregistrement télévisé consacré à l'affaire et de photographies de la fillette à son domicile et dans son ordinateur.

L'avocat des parents d'Estelle Mouzin demande à la justice d'expertiser trois scellés provenant du dossier Fourniret. Ils concernent des morceaux de lacets blancs et de gants noirs. La petite Estelle possédait des bottes blanches à lacets. Des gants noirs sont aussi mentionnés sur l'avis de recherche de la fillette. Mais encore une fois ces éléments ne permettent pas de lier l'ogre des Ardennes à la dispation d'Estelle. 
 

L’aveux en 2019 

En juillet 2019, le dossier d'enquête est transféré de Meaux à Paris, auprès de Sabine Kheris. La juge d'instruction rencontre plusieurs fois l'ancien couple et parvient à instaurer un dialogue avec les deux. Le 21 novembre 2019, Monique Olivier annule l’alibi de son mari. Elle affirme que le soir du 9 janvier 2003, c’est elle qui a passé le coup de fil au fils de Michel Fourniret, car celui-ci n’était pas à leur domicile. Six jours plus tard, le 27 novembre, Michel Fourniret est mis en examen dans l'affaire Mouzin pour enlèvement et séquestration suivie de mort. C’est la première personne mise en examen depuis la disparition de la fillette, le 9 janvier 2003. En mars 2020, le tueur en série, à nouveau interrogé par la juge, reconnaît “avoir pris la vie” d’Estelle Mouzin.
 
En juin 2020, des fouilles sont lancées dans l'ancien domicile de Michel Fourniret, le château du Sautou dans une forêt des Ardennes. Une propriété où les corps de deux victimes de l’"Ogre des Ardennes" avaient déjà été découverts par les enquêteurs en 2004, peu après l’arrestation du criminel. Des recherches s'étaient poursuivies dans une maison de Ville-sur-Lumes, à une dizaine de kilomètres de là. Sans succès.
 

Le 21 août 2020, coup de théâtre : Monique Olivier, devant la juge d'instruction, accuse Michel Fourniret d'avoir séquestré, violé et étranglé Estelle Mouzin. D’après son témoignage, Michel Fourniret aurait quitté le domicile du couple à Sainte-Custine en Belgique le matin du 9 janvier 2003. Celui aurait attendu devant l’école de la jeune fille de 9 ans avant de l’enlever à sa sortie. Le tueur aurait conduit Estelle Mouzin chez sa belle-sœur à Ville-sur-Lumes (Ardennes). C’est dans cette maison qu’il aurait violée et étranglée la victime.  L'ADN partiel d'Estelle Mouzin a été retrouvé à deux endroits sur un matelas saisi en 2003 dans la maison de Ville-sur-Lumes.

Malgré les aveux le tueur en série n'a pas donné plus de détails sur l'enlèvement. Aujourd'hui âgé de 78 ans, il souffre de problèmes de mémoire : "C'est dans les oubliettes", avait-il affirmé à la juge d'instruction en mars dernier à propos du corps de l'enfant. La magistrate espère que la confrontation avec son ex-épouse sur les lieux de la disparition d'Estelle Mouzin, réveille des souvenirs enfouis. 

 
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