La Justice va donner 25.000 euros à la commune des Ardennes, pour compenser les dommages causés par les recherches d'Estelle Mouzin, en août 2021. Un montant insuffisant pour le maire, Ghislain Debaiffe-Raboin, qui demandait 90.000 euros, notamment pour ne pas avoir reçu les recettes du bois coupé.
Le maire d'Issancourt-et-Rumel a reçu une mauvaise nouvelle en ouvrant son courrier. Dans une lettre de la sous-direction des finances du ministère de la Justice, reçue le 19 juin 2024, Ghislain Debaiffe-Raboin a appris que l'Etat n'allait pas lui rembourser la totalité de la somme demandée en préjudice des recherches de la petite Estelle Mouzin en août 2021.
L'État va allouer à la commune ardennaise la somme de 25.000 euros pour "toutes causes de préjudices confondues", dont 23.000 euros pour "le repeuplement de la parcelle" de forêt rasée. Or, l'édile demandait 90.000 euros de réparation au total. "On se sent abandonné, spolié, déplore le maire. Je pensais que l'Etat allait être un peu plus compatissant."
45.000 euros de manque à gagner pour le bois
Pour la municipalité, le principal préjudice concerne les recettes perdues par l'exploitation de cette parcelle de forêt communale dévastée lors des fouilles. Sur près de 2,3 hectares, soit plus de trois terrains de football, c'est environ 6.000 stères de bois qui ont été débités par un exploitant agricole sur la demande des autorités publiques. Or, le maire dit n'avoir jamais rien touché des recettes de ce bois, qui sert à chauffer une partie des foyers du village.
S'il est pour l'heure difficile de savoir qui a bénéficié de l'exploitation de ce bois lors des fouilles, le maire d'Issancourt-et-Rumel s'estime lésé. Ce dernier estime à "45.000 euros" le manque à gagner de la vente de ce bois. "Pour nous, cela correspond à près de 15% de notre budget." "Mes habitants me demandent pourquoi on ne retouche pas les recettes de notre bois", ajoute-t-il. En trois ans, la zone déboisée a laissé place à une friche de genêts (une espèce d'arbustes assez invasive). Et la commune ne retrouvera pas ses arbres de sitôt.
L'État estime que les routes n'ont pas été dégradées
Ghislain Debaiffe-Raboin avait également chiffré à 20.000 euros les dégâts causés sur les routes communales. "Dans la précipitation, deux pelles de 30 tonnes et des grues à chenilles ont laissé des marques sur les enrobés, explique-t-il. Dans quelques années, nous risquons d'avoir des trous." Le maire a bien envoyé des photos du bitume à la Justice, mais celle-ci répond qu'il "ne ressort pas des observations des autorités judiciaires que la route a été dégradée". "Ce sont des économies pour le gouvernement mais pour nous ce sera des dépenses bientôt", peste l'élu.
Le maire ne compte pas s'arrêter là et devrait écrire au préfet des Ardennes pour bénéficier de son potentiel concours pour obtenir davantage de compensations financières de la part de l'Etat.
Par ailleurs, l'édile tient à rappeler que la municipalité, à l'époque, "n'allait pas s'opposer" à ces fouilles et qu'elle avait collaboré avec les autorités judiciaires.