Un collectif d'habitants de Hericy en Seine-et-Marne s'inquiète de voir le patrimoine de leur bourg disparaître au profit d'un projet de construction d'immeubles et de commerces. Le petit village abrite notamment des monuments médiévaux. Un hameau de tranquillité menacé, d'après les opposants au projet.
"On veut préserver notre patrimoine historique et notre architecture." Guillaume Cerles habite à Héricy en Seine-et-Marne. Avec d'autres habitants de cette commune de 2 700 âmes située en bord de Seine, il s'oppose à un projet d'urbanisation porté par la mairie et la Société d'économie mixte du Pays de Fontainebleau.
Ce projet à plus de 900 000 euros vise à construire des immeubles d'habitation, un parking souterrain et une maison médicale au cœur de ce bourg de Seine-et-Marne. Problème d'après les habitants : le village abrite notamment de nombreux sites patrimoniaux.
"Nous avons une église qui a été construite entre le 12ème et le 16ème siècle", selon Guillaume Cerles, membre du collectif "Non au projet SEM Hericy". L'église Sainte-Geneviève d'Hericy est un édifice en pierre qui a été classé monument historique en 1908. "C'est un village calme et historique à l'image de ce que l'on peut voir tout autour du pays de Fontainebleau et nous souhaitons maintenir cette quiétude."
Selon le collectif qui se veut apolitique : "Ces projets d'urbanisation mettent en péril l’authenticité et le caractère unique de ce village." En plus de son aspect patrimonial, il est aussi reconnu comme un "repaire d'artistes" "notamment pour les peintres impressionnistes".
Pas de béton
En ligne de mire du collectif, les immeubles prévus dans le projet. "Cela va être au centre du bourg. Situé à un endroit où se trouve normalement de la verdure. Le projet vient bétoniser tout cela."
Les opposants au projet d'urbanisation craignent que les immeubles soient accompagnés de "trop grands balcons, que l'on supprime un espace vert et que les commerces bientôt installés fassent de l'ombre à ceux qui sont déjà présents." Concernant la maison médicale, le collectif d'habitants en questionne l'utilité "sachant qu'il y en a déjà une dans le village."
"L’extension de nouvelles constructions, sans tenir compte des spécificités locales, risque non seulement de dénaturer l’identité du lieu, mais aussi de fragiliser la préservation des sites classés et des espaces naturels qui font tout le charme du village", ajoute-t-il.
"Manque de concertation auprès des habitants"
Guillaume Cerles se dit "extrêmement inquiet", quant à l'avenir de son village. "Nous avons le sentiment de ne pas avoir été consultés sur le projet", regrette-t-il. "On a l'impression que les autorités font fi de la sensibilité des habitants. Nous sommes tous attachés à notre église, nos maisons en pierres qui témoignent de l'héritage patrimonial et architectural du village", indique-t-il.
Le collectif demande aux élus locaux de "s'assurer que tout le projet respecte les valeurs historiques et culturelles de ce village."
Le collectif s'appuie sur les observations rendues dans le dernier plan local d'urbanisme (PLU) du village. La communauté d'agglomération de Fontainebleau note que "Héricy possède une diversité et une richesse de milieux remarquables qu’il convient de préserver."
Dynamiser le bourg
Selon la mairie, le projet a pour vocation de dynamiser le centre-bourg. "Nous espérons pouvoir installer une nouvelle boulangerie, car le village en manque. La nouvelle maison médicale sera équipée de salles de réunion et d'autres infrastructures qui permettront de mieux répondre aux attentes de nos habitants", estime le maire SE de la commune Yannick Torres.
Concernant le manque de consultations reproché par le collectif, l'édile rappelle qu'une "réunion publique en présence des habitants a été organisée par la SEM". À propos des nouveaux immeubles d'habitation, la mairie indique que cela "correspond à une demande des habitants, notamment certains en retraite. Après avoir vendu leur première maison, beaucoup souhaitent rester dans le village."
Selon lui, le projet d'urbanisation "ne dénaturera pas" le village. Le maire dénonce également "une volonté politique de me nuire" de la part du collectif composé selon lui de plusieurs de ses opposants. Le projet devrait être terminé courant 2026.