Estelle Mouzin, âgée de 9 ans, a été enlevée en 2003 à Guermantes en Seine-et-Marne. Monique Olivier, ex-épouse de Michel Fourniret, a reconnu avoir participé à la séquestration de la jeune fille dans les Ardennes.
La juge d'instruction du pôle "cold cases" de Nanterre a demandé vendredi le renvoi de Monique Olivier, ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine pour complicité dans l'enlèvement d'Estelle Mouzin en 2003, ainsi que dans l'enlèvement et le meurtre de Marie-Angèle Domèce en 1988 et de Joanna Parrish en 1990, a indiqué le parquet de Nanterre à l'AFP.
Depuis la mort de Michel Fourniret en 2021, Monique Olivier est la seule personne mise en cause dans ces trois dossiers. Son procès, dont la date n'a pas été encore arrêtée, sera le premier du pôle du tribunal judiciaire de Nanterre dédié aux affaires non élucidées.
35 ans d'attente pour la première affaire
Le procès est demandé de longue date par l'avocat des familles de victime, Auxerre Didier Seban.
"On est à près de 35 ans [d'attente] pour la première de ces affaires. C'est tant de temps d'attente pour les familles, tant de temps de combat pour obtenir une vérité judiciaire. Nous en sommes heureux, mais aussi déçus que Michel Fourniret ne puisse pas rendre des comptes puisque seul figurera sur le banc des accusés Monique Olivier", avait-il indiqué à France Bleu en mai dernier lorsque le parquet avait requis la tenue d'un tel procès.
Didier Seban déplore également le fait que certains des proches de chacune des familles des victimes soient décédées "avant de connaître la vérité".
Monique Olivier, 74 ans, a déjà été condamnée à la réclusion à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et d'un viol en réunion commis par Michel Fourniret. Puis elle a été condamnée à 20 ans de réclusion pour complicité dans un cinquième meurtre, crapuleux cette fois, également commis par le tueur.
Reconnaissance de son rôle
Elle avait donné aux enquêteurs une première liste de victimes en juin 2004, puis contredit l'alibi du tueur en série le jour de la disparition d'Estelle Mouzin en novembre 2019. Quelques mois plus tard, Michel Fourniret avouait à la juge Kheris sa responsabilité.
Puis, en avril 2021, Monique Olivier avait reconnu pour la première fois un rôle dans la séquestration d'Estelle, précisant avoir accompagné Michel Fourniret près du bois d'Issancourt-et-Rumel pour enfouir le corps de la fillette.
Elle avait ensuite déclaré en août 2020 que son ex-mari avait séquestré, violé et tué la fillette à Ville-sur-Lume (Ardennes). L'ADN partiel d'Estelle Mouzin avait été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison.
Reste l'énigme des corps dans deux de ces trois dossiers.
Depuis juin 2020, une dizaine de campagnes de fouilles ont été organisées dans les Ardennes pour retrouver celui d'Estelle Mouzin. Une autre campagne a également eu lieu fin janvier, dans l'Yonne, pour celui de Marie-Angèle Domèce. Sans résultat.
Premier procès du pôle "cold cases"
Ce procès serait le premier du pôle "cold cases" dédié aux affaires non élucidées. "C'est une réussite", avait réagi Didier Seban pour qui "ce pôle a fait ses preuves".
Et de saluer l'action l'action de Sabine Kheris, en charge du pôle de Nanterre : "C'est elle qui a fait avouer le couple Fourniret. C'est elle qui a mis en perspective ces crimes (...) Il a fallu la bataille des familles pour qu'enfin une juge prenne tout cela à bras le corps. C'est donc d'abord le parcours d'une magistrate d'exception".