Grève des médecins libéraux : "On ne peut pas avoir une médecine d’excellence avec des prix low cost"

"Médecins pour demain", un collectif "asyndical et apolitique", appelle à la fermeture des cabinets jeudi 1er et vendredi 2 décembre. Alors que les négociations avec la Sécu et le gouvernement viennent de s’ouvrir, ces praticiens libéraux demandent des hausses du tarif de la consultation.

Ils demandent le doublement du tarif de la consultation, de 25 à 50 euros. "Médecins pour demain", un collectif né il y a deux mois sur les réseaux sociaux, et qui regroupe aujourd’hui près de 15 000 membres, appelle à la grève jeudi et vendredi. Le Dr Noëlle Cariclet, porte-parole de "Médecins pour demain" en Île-de-France, explique "prôner l'attractivité pour la médecine libérale".

"25 euros, c’est dans le bas du panier au niveau européen, le tarif d’une consultation est en moyenne de 46 euros. En France, on ne suit pas l’inflation, et on met les médecins dans des conditions très difficiles. On ne peut pas embaucher de secrétaire ou d’assistant médical. Il faut rassurer les jeunes médecins et les décharger des tâches administratives, qui représentent aujourd’hui 20% du temps passé en consultation. On souffre d’un manque de temps", argumente-t-elle.

"Je suis médecin en désert médical depuis un an et demi, à la campagne en Seine-et-Marne, après 20 ans en hospitalier. Nous sommes regroupés avec neuf médecins, et nous travaillons avec une secrétaire. Nous n’avons pas de quoi en embaucher une autre", déplore cette psychiatre, basée à Fontenay-Trésigny.

"L’idée n’est pas d'enrichir les médecins, mais d’enrichir l’offre"

"ll faut donner envie aux médecins de s’installer, poursuit le Dr Noëlle Cariclet. Aujourd’hui, beaucoup d’internes prennent des postes de médecins remplaçants. L'inflation, l’immobilier, les charges… Ils s’inquiètent de ne pas pouvoir rentrer dans leurs frais. Et beaucoup de médecins généralistes se tournent vers des sous-spécialités plus lucratives, comme la médecine esthétique. Beaucoup s’en vont aussi à l’étranger."

"Nous voulons rester conventionnés", souligne la porte-parole face au "bras de fer" engagé avec l'Assurance maladie. "Si on sort de la convention, les patients ne seraient plus remboursés. Ils prendraient tout à leur charge, ça serait une catastrophe. On veut éviter la naissance d’une médecine à deux vitesses : seuls les patients qui ont les moyens pourraient se payer les soins", avance-t-elle.

"Une consultation à 50 euros n’impacterait pas le patient si on reste dans la convention. Il faut investir dans la médecine de ville. L’idée n’est pas d'enrichir les médecins, mais d’enrichir l’offre. Les médecins ne demandent qu'à embaucher", souligne la psychiatre. Pour rappel, l’Assurance maladie prend actuellement en charge 70% du tarif des consultations, les mutuelles et les complémentaires remboursant le reste.

Un mouvement soutenu par les syndicats

"Les négociations sont en cours. On sait que le ministre de la Santé François Braun réfléchit à une revalorisation, mais pas à 50 euros, ce qui semble aberrant. On ne peut pas avoir une médecine d’excellence avec des prix low cost. Il faut nous donner des moyens", ajoute la porte-parole.

UFML, FMF, SML, Jeunes Médecins, CSMF, internes de l’ISNI… Les syndicats de médecins libéraux appellent également à participer à la grève initiée par "Médecins pour demain". "Je pense que la grève sera massivement suivie, le mouvement ne fait que croître, assure le Dr Noëlle Cariclet. Et ce n’est que le début. Si nous ne sommes pas entendus, il y aura des fermetures beaucoup plus longue, sur 15 jours début 2023."

A noter que les syndicats de biologistes appellent par ailleurs à la fermeture des laboratoires jeudi et vendredi, suite à une première grève de trois jours mi-novembre. Pointés du doigt pour leurs profits records liés aux tests Covid, les grands groupes d'analyses médicales protestent contre le projet de loi qui prévoit 250 millions d'euros d'économies dans le secteur.

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