Idée de sortie : le château de Fontainebleau retrouve sa splendeur

La première pierre du château de Fontainebleau (Seine-et-Marne) a été posée au XIIe siècle. 36 monarques y ont vécu. Le site, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est l'objet d'une importante restauration.

C'est le deuxième site le plus visité de Seine-et-Marne (après Disneyland Paris), avec plus de 450 000 visiteurs annuels. Et il y a de quoi se déplacer. Avec ses 1530 pièces entièrement meublées et son immense parc de 115 hectares, le château de Fontainebleau permet de voyager à travers huit siècles d'histoire française.
 

Un théâtre endormi pendant 150 ans restauré

Il est assis comme un scribe, l'artisan en blouse blanche, l'artisan au pinceau. Face à lui, 800 ans d'histoire et le temps qui est à l'œuvre. Car il faut sans cesse redorer, recoller, effacer, lustrer. Entretenir le château, le faire vivre en un mot.

Le château de Fontainebleau est toujours en mouvement, en évolution. En 1530, François Ier fait rajouter une glorieuse galerie qui doit relier ses appartements à la chapelle. Lui-seul en possède les clefs qu'il porte autour du cou.

À présent, le château poursuit une nouvelle phase de travaux. L'État investit 10 millions d'euros chaque année mais la remise en état coûte cher, le mécénat reste indispensable. "Les mécènes apportent en quelque sorte le supplément d'âme. Des financements pour permettre l'ouverture de lieux qui auraient pu continuer à dormir. Le théâtre lui-même a dormi pendant 150 ans", raconte Jean-François Hebert, président du château de Fontainebleau.

Et c'est un mécénat de 10 millions d'euros avec l'émirat d'Abou Dhabi qui a réveillé le bel endormi. Douze ans d'études et de travaux pour mener à bien cette restauration à l'identique.

Mécénat, mais aussi souscription publique. 2 millions d'euros récoltés pour restaurer l'escalier extérieur dit en fer à cheval. Un lieu emblématique du château, Napoléon Ier y aurait fait ses adieux.

"On est dans une forêt et il y a sur ces pierres poreuses une colonisation biologique très importante et surtout des algues. Elles deviennent noires quand il pleut et on a depuis des années une espèce de scarabée noir au milieu de la façade", indique Patrick Ponsot, architecte en chef des Monuments historiques.

Après avoir testé une technique par pulvérisation, d'autres approches sont privilégiées. "On en vient à des techniques plus anciennes. On bannit le ciment car on se rend compte que cela a généré beaucoup de pathologies que l'on doit traiter aujourd'hui", explique Mickaël Penet, conducteur d'opération.

Tous ces chantiers s'inscrivent dans la longue tradition du château car les 36 monarques qui s'y sont succédés ont chacun rajouté leur pierre à l'édifice rajoutant ceci, enlevant cela. Des souverains bâtisseurs qui ont façonné le visage actuel du château.

► La restauration du château de Fontainebleau en images :
©France 3 Paris Ile-de-France

 

Demeure royale où l'on pratique encore le jeu de paume

Pas une ombre au tableau. Tout doit être parfait pour la réouverture des appartements privés de Marie-Antoinette. Une reine dans son intimité. Loin, si loin des fastes de la cour.

Une fois couronnée, la première chose qu'elle exige est de redécorer son boudoir. "On voit bien quelle est la priorité de cette souveraine qui ne supporte pas cette exposition permanente et qui peut arriver dans ces pièces où elle peut vivre comme une simple particulière", raconte Vincent Cochet, conservateur au château de Fontainebleau.

Un boudoir pour bouder, pour se mettre à l'écart. Un boudoir turc aux lourdes teintures des Mille et Une Nuits. "En 1776, la mode est à l'exotisme. La turquerie est une sorte d'alternative à chinoiserie. Ce monde du Levant est particulièrement présent dans l'univers du théâtre à l'époque", poursuit le conservateur.

Dix ans plus tard, l'ancien régime entreprend son dernier voyage à Fontainebleau. Dans la chambre, au goût d'inachevé, le lit porte les lettres "MA". Elle n'y dormira jamais.

Fontainebleau, toujours dans l'intimité des souverains. Un des lieux les plus prisés de leur bon plaisir : la Galerie du Jeu de Paume. "C'est une salle d'époque qui a été construite pour le roi Henri IV en 1601. C'est l'une des plus anciennes salles de sport encore en activité en France et une des rares salles historiques encore en activité aussi pour le jeu de paume", raconte Guillaume Dortu, maître paumier au cercle Jeu de Paume Fontainebleau.

"C'est un sport qui se pratiquait sur les places de marché au Moyen-Âge, d'où l'architecture un peu particulière d'une salle de jeu de paume. Notamment les toits de côtés qui sont faits pour reprendre les apprentis qui protégeaient la marchandises et les marchands", poursuit le sportif.

Un sport qui s'est joué à la main, à la paume donc, puis avec une raquette. Un sport bien vivant. Trois cours sont encore en activité en France, dont celui de Fontainebleau.

► Le château de Fontainebleau abrite l'une des plus anciennes salles de sport encore en activité :
©France 3 Paris Ile-de-France
 

Jardin à la française le plus vaste d'Europe

Les jardins du château sont ouverts au public et sont gratuits. On y vient pour dormir, déjeuner en paix, courir, ou voir le soleil mourir dans les reflets des bassins. Une contemplation exquise et un château enchâssé dans ces paysages.

"Il est né dans la forêt. On est venu depuis des siècles pour les plaisirs de la chasse. On y pratiquait tous les plaisirs de la nature. À un moment donné, on a souhaité encadrer le château d'un écrin de verdure", raconte Arnaud Amelot, directeur des Bâtiments et jardins.

Depuis 800 ans, le château est le point de départ et de retour des chasses royales. "Ils venaient y chasser le cerf, le chevreuil, le sanglier, le loup qui étaient très présents encore dans cette forêt", affirme Gérard Tendron, président des Amis du château de Fontainebleau.

Ce même jardin dessert la galerie des cerfs édifiée en 1600 où l'on festoie après avoir tué. Sur les murs, les domaines royaux représentés au cœur de la forêt de chasse. Avec ses 74 mètres, celle aile est plus longue que la galerie des glaces à Versailles. "Le premier jardin du château de Fontainebleau c'est la forêt. Mais lorsque le château a été conçu, lorsque François Ier reprend le projet de château à partir de 1528, il conçoit toujours l'intérieur en même temps que les jardins parce que c'est un lieu dans lequel on ménage sans cesse des vues sur l'extérieur et notamment des vues sur les perspectives ouvertes sur la forêt", rappelle Oriane Beaufils, conservatrice au château.

Le jardin à la française et ses 14 hectares, le plus vaste d'Europe, est dessiné par Le Nôtre. "Le château comme le domaine sont des espèces de millefeuilles historiques où chaque étape dans la construction est venue se superposer aux précédentes", pense Arnaud Amelot.

Si l'on suit la légende, le nom de Fontainebleau viendrait d'une fontaine près du hameau de Bréau. Fontaine, je boirai de ton eau, et autour de toi, je construirai ce merveilleux château.

► Le château de Fontainebleau possède le plus grand jardin à la française d'Europe :
©France 3 Paris Ile-de-France
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