Jeudi 21 novembre, des individus casqués se sont introduits dans le musée du Hiéron de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) pour piller la Via Vitae, un chef-d’œuvre de l'art sacré classé Trésor national. Les voleurs ont pris la fuite à moto avec un butin estimé à 750 000 euros. Aucune victime n'est à déplorer.
Il est dans les environs de 16 heures, jeudi 21 novembre, quand 3 individus casqués pénètrent arme à la main dans le musée du Hiéron de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) Un quatrième individu restant à l'extérieur pour faire le guet. L'opération, qui semble avoir été minutieusement préparée, visait la Via Vitae, chef-d'oeuvre du XXème siècle classé au titre de Trésor national.
Un mode opératoire digne d'un film
C'est donc en plein après-midi, alors que le musée accueille une quinzaine de visiteurs venus profiter des richesses du musée du Hiéron - le plus ancien musée d'art sacré de France - que 4 individus venus à moto déroulent le scénario de ce braquage inédit. Les 3 individus qui font irruption dans le musée, casque vissé sur la tête, n'ont qu'un seul objectif : la Via Vitae.
Ils mettent rapidement en fuite les 4 membres du personnel, qui trouvent tout de même le temps de déclencher l'alarme du musée. Selon les informations transmises par l'AFP, plusieurs coups de feu ont été tirés.
Armés d'une disqueuse, les malfaiteurs s'en sont ensuite pris à l'épaisse paroi de verre blindé qui protège la Via Vitae, une œuvre monumentale estimée entre 5 et 7 millions d'euros. L'œuvre, constituée d'une multitude de pièces précieuses, est ensuite découpée et pillée. Ils prélèvent sur la Via Vitae plusieurs personnages en or, en ivoire et des pièces en diamant pour un montant estimé à 750 000 euros. Pour terminer, les auteurs prennent la fuite à moto, non sans préalablement disperser au sol des clous de crevaison qui retarderont les gendarmes lancés à leur poursuite.
Un choc pour la ville de Paray-le-Monial
Jean-Marc Nesme, le maire de Paray-le-Monial, se dit choqué par ce vol qui se serait déroulé "en deux à trois minutes". Il déplore une "catastrophe" qui touche un "trésor national classé comme tel par le Ministère de la culture ; un bien qui fait aussi partie du patrimoine de Paray-le-Monial".
Pour Maud Siron, Directrice du Musée du Hiéron et témoin directe du braquage, les dommages causés à cette oeuvre à "haute valeur historique, artistique et patrimoniale" sont pour certains "irréversibles". Un "saccage" qui la met dans une forme de "colère mêlée de tristesse". Elle salue cependant le professionnalisme des équipes du musée et se place dans une forme de "reconnaissance" vis-à-vis des malfaiteurs pour n'avoir pas fait de "dégâts humains".
Une cellule d'aide psychologique a été mise en place par le Samu avec un numéro dédié pour les personnes qui souhaiteraient un soutien. Le personnel et les visiteurs auraient été très choqués par ce braquage, nous rapporte-t-on.
Une pièce majeure de l'art sacré, déjà l'objet de bien des convoitises
La Via Vitae est une œuvre monumentale, tant par la richesse de l'œuvre façonnée par le célèbre bijoutier parisien Joseph Chaumet en 1904 que par ses dimensions : 2,70 mètres de haut pour 3 mètres de large.
Selon le descriptif du musée Hiéron, qui voit en la Via Vitae sa propre "Joconde", ce "Chemin de vie " est une œuvre exceptionnelle réalisée en matériaux précieux : or et ivoire pour les cent-trente-huit figurines représentant les scènes de la vie du Christ, argent doré et patiné et cristal de roche formant la Trinité dans une gloire, platine, diamants et rubis figurant l’Eucharistie, marbres de différentes couleurs, albâtre, onyx et bronze doré constituant le socle et les décors de chaque scène.
Depuis que la Via Vitae a pris place, en 2005, dans ce musée de Paray-le-Monial, situé à 250 mètres de la célèbre basilique du Sacré-Coeur, plusieurs tentatives de vol ou vols ont été recensées. En juin 2017, deux couronnes de Romay de l'orfèvre Paul Brunet ont été dérobées sans jamais être retrouvées. Elles ornaient une Vierge à l'Enfant dans la chapelle Notre-Dame de Romay. En septembre 2022, une tentative d'intrusion au premier étage du musée par une échelle avait avorté suite au déclenchement d'une alarme incendie. 3 individus d'une vingtaine d'années, confondus par leurs empreintes, avaient été interpellés à Marseille.
Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes inacceptables qui portent atteinte à notre patrimoine
Rachida Dati, Ministre de la culture
Rapidement après les faits, le secteur du centre-ville de Paray-le-Monial a été bouclé par les forces de l'ordre afin de laisser place aux recherches menées par la cellule d'investigations criminelles de la police scientifique. Parallèlement, le plan "épervier" a été mis en déployé pour tenter d'intercepter les malfaiteurs.
Saisi de l'affaire, le parquet de Mâcon a ouvert une enquête du chef de vol avec arme en bande organisée, et saisi la section de recherches de Dijon ainsi que l'office central de lutte contre le trafic des biens culturels. Dans un communiqué, la procureure Anne-Lise Furstoss explique que "les investigations sont actuellement toujours en cours afin d'identifier et interpeller les mis en cause". La Ministre de la culture, Rachida Dati a pour sa part réagi sur le réseau social X en ces termes : "Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes inacceptables qui portent atteinte à notre patrimoine. (...) Tout mon soutien aux équipes du musée et à la collectivité".