La Via Vitae, un trésor national d'une valeur de plusieurs millions d'euros, a été volé et saccagé au musée du Hiéron à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). Les braqueurs étaient très bien organisés. Entretien avec la directrice du musée.
Le braquage du musée du Hiéron et le pillage de Via Vitae, Trésor national, survenu jeudi 21 novembre à Paray-le-Monial, a marqué les esprits par sa rapidité et la détermination des malfaiteurs.
Maud Siron, la directrice du musée, répond aux questions de France 3 Bourgogne.
France 3 Bourgogne : Vous avez été témoin directe du braquage. Comment réagissez-vous quelques heures après les faits ?
Maud Siron : "C'est une immense tristesse que je ressens, une incompréhension mêlée de colère. Il s'agit d'une œuvre patrimoniale dont la valeur est tout simplement inestimable. C'est un Trésor national, classé comme tel par le Ministère de la Culture car il revêt à la fois un grand intérêt historique, artistique et patrimonial pour tous les Français. L'œuvre n'a pas été volée dans son intégralité mais les dommages qu'elle a subi sont, pour certains, probablement irréversibles. Certes, tout n'est pas perdu mais c'est un grand préjudice pour le musée du Hiéron, pour Paray-le-Monial, mais aussi pour tous les Français. Ce n'est pas moins qu'un patrimoine national qui a été saccagé."
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En quoi la Via Vitae est-elle une œuvre unique en son genre ?
M.S. : "La Via Vitae, ou "Chemin de vie" est l'œuvre de Joseph Chaumet, l'un des plus grands orfèvres du XXème siècle. Elle date de 1904 et est protégée par le statut de Trésor national qui lui interdit de sortir de France. C'est une œuvre monumentale de près de 3 mètres de haut constituée de 138 personnages, des statuettes chryséléphantines composées d’or et d’ivoire. Les neuf scènes, qui retracent la vie de Jésus, se déploient sur une montagne de marbre surmontée de deux figures féminines allégoriques tenant une hostie sertie de diamants et de rubis. Il a certainement fallu près de 10 ans à Joseph Chaumet pour produire cette œuvre unique en son genre."
Comment s'est déroulé le braquage, vous qui l'avez vécu de l'intérieur ?
M.S. : "À part le choc psychologique, je tiens à dire combien je suis soulagée qu'il n'y ait eu aucune perte humaine, ni que personne n'ait été blessé. Évidemment, face au choc du braquage, on a tous réagi avec l'adrénaline du moment et je tiens à souligner que toutes les équipes ont réagi de façon très professionnelle. C'est une chance que tout se soit finalement bien passé car au vu de l'organisation et de la détermination des malfaiteurs, il aurait pu y avoir des pertes bien plus graves que ça."