Ce dimanche, au Mée-sur-Seine en Seine-et-Marne se déroulera l'épreuve française du championnat du monde de ramassage de déchets. Importée du Japon, cette compétition mêle sport et écologie. Découverte.
"Devenir championne du monde de ramassage des déchets !" Voilà l'objectif de Léa Camus. Elle participe ce week-end à l'étape française du Spogomi. Contraction des mots japonais "spo" qui signifie "sport" et "gomi" que l'on peut traduire par "déchets", ce championnat existe en terre nipponne depuis plus de 10 ans.
Pour la première fois, la compétition arrive en France. L'épreuve aura lieu ce dimanche au Mée-sur-Seine en Seine-et-Marne. Léa et les autres candidats auront une heure pour ramasser un maximum de déchets dans une zone délimitée. Ils doivent ensuite les trier correctement puis les peser. "Il y a un bac de couleur différente pour chaque type de déchets", explique Muirgen Rio, directrice de l'étape française. Par exemple, les participants devront mettre les déchets recyclables dans un sac rouge tandis que les mégots devront aller dans un sac violet.
"Transmettre un message écologique à toutes les générations"
Une compétition sportive porteuse d'un message écologique. "L'idée est d'éveiller les consciences sur l'importance du tri et de son impact sur la survie de la planète", indique celle qui est également responsable de la transition écologique du SMITOM Lombric. Un syndicat spécialisé dans la collecte et le tri des déchets dans le sud de la Seine-et-Marne. Chaque déchet rapporte un certain nombre de points selon son type.
Par exemple, le ramassage d'un mégot rapporte 300 points à une équipe. "Ce sont des petits déchets mais ils ont le temps de décomposition le plus long dans la nature, donc sont plus dangereux pour la planète", note la directrice. Au total, 30 équipes de trois personnes participeront à cette première étape française.
Pas de limite d'âge pour s'inscrire au championnat du monde. Les enfants peuvent participer s'ils sont accompagnés d'un adulte. "Lorsque j'ai découvert la compétition japonaise, cela m'a plu, car j'y ai vu une opportunité de transmettre un message écologique à toutes les générations", précise Muirgen Rio. Au départ elle souhaitait participer à la compétition avec ses amis. "On voulait s'organiser pour la faire à Paris, donc j'ai contacté les organisateurs japonais à l'hiver dernier. Dans la capitale, ce n'était pas possible à cause de plusieurs arrêtés préfectoraux, donc je leur ai proposé d'organiser cela en Seine-et-Marne et ils ont accepté."
Les erreurs de tri pénalisées
Léa Camus participe avec deux amies. "Lorsque je fais mes footings quotidiens, je ramasse pas mal de déchets puis je les trie donc quand j'ai vu que la compétition était organisée en France, d'autant plus dans la commune où j'habite, je me suis inscrite tout de suite", sourit-elle. Si elle gagne, son équipe représentera la France lors de la grande finale internationale organisée à Tokyo en novembre prochain. Des épreuves qualificatives sont organisées dans 22 pays sur tous les continents.
"Ce serait l'occasion de voyager et de découvrir de nouvelles coutumes", nous confie-t-elle. Elle y voit aussi une manière de "redorer le blason de la France en matière d'écologie car on n'a pas très bonne réputation dans le monde à ce niveau-là", ironise-t-elle. Pour gagner, son équipe devra remporter le plus de points lors de la pesée des déchets qu'elle aura triés.
Afin d'éviter les pénalités, les trois compétitrices s'entraînent depuis plusieurs semaines. "On court ensemble et on trie nos déchets en même temps. On essaie de développer notre communication, car ce sera important pour éviter les erreurs de tri qui peuvent nous faire perdre des points", affirme l'ostéopathe issue d'une famille d'agriculteurs. C'est d'ailleurs grâce au métier de ses parents que cette seine-et-marnaise a développé son rapport à la nature très jeune. "J'ai toujours gardé à l'esprit qu'il fallait protéger la planète et c'est pour cela que je trouve cette compétition intéressante. C'est à la fois un défi sportif et écologique."
Des règles strictes
Afin de prétendre à la victoire, il lui faudra respecter de nombreuses règles. Pour cette habituée de la course à pied, pas question d'enchaîner les foulées ce dimanche. Les candidats ont l'interdiction de courir. Le ramassage des déchets ne peut se faire qu'au sol et sur la voie publique. Il est donc interdit de fouiller dans les poubelles. "On délimite un périmètre, mais nous voulons que le ramassage soit le plus authentique possible. Il n'y a donc pas non plus d'ajouts de déchets par les organisateurs", précise Muirgen Rio. Derrière chaque équipe, un arbitre veillera au respect du règlement.
Si les inscriptions sont closes depuis plusieurs semaines, l'évènement est ouvert au public et gratuit. "Il y aura des animations sur le thème du tri pour adultes et enfants. On proposera notamment la découverte des coutumes japonaises en termes de recyclage", assure la directrice.
Pour les curieux, rendez-vous au parc Fenez à Mée-sur-Seine à partir de 10 heures ce dimanche.