Il aura fallu vingt ans de lutte : depuis le 1er septembre dernier, les pesticides néonicotinoïdes sont désormais proscrits en France, et donc dans les champs franciliens. Si la mesure semble une nécessité pour les apiculteurs, la mesure interroge certains agriculteurs.
Pour les abeilles, sortes de survivantes après un hiver catastrophique, l’interdiction des pesticides va enfin protéger les colonies, en déclin depuis des années. A Vert-Saint-Denis en Seine-et-Marne, Gérard Bernheim a perdu beaucoup de ruches cette année, sept en tout. Soit 30 % de perte pour l’hiver 2017-2018, sur le département.
Comme beaucoup d’autres producteurs, il déplore les effets nocifs des néonicotinoïdes sur la mortalité des abeilles – effets démontrés depuis 10 ans. Les pesticides, présents dans le pollen, s’attaquent en effet au système nerveux des insectes.
Reportage en Seine-et-Marne, à Vert-Saint-Denis et Maison Rouge (Isabelle Dupont et Pierre Pachoud) ►
Survie des abeilles, contre rentabilité des cultures
Largement utilisés dans les cultures alentours, les néonicotinoïdes – dont cinq substances sont désormais interdits, avec le mise en vigueur de la loi biodiversité de 2016 – vont pourtant manquer à certains agriculteurs.Cyrille Millard, producteur de betteraves et par ailleurs président de la FDSEA 77, s’inquiète pour la rentabilité de ses champs, déplorant le manque d’efficacité des produits de remplacement : « A un moment donné, avec 20 % de rendement en moins pour mes betteraves, je n’ai plus de rentabilité, et plus d’intérêt à faire cette culture. »
Malgré l’impact sur la mortalité des abeilles, des dérogations restent encore possibles jusqu’au 1er juillet 2020, au cas par cas pour les produits à base d’acétamipride, utilisés en faible quantité.