Trois jeunes hommes ont été condamnés mercredi à Bobigny à des peines allant jusqu'à dix mois de prison ferme pour une expédition punitive contre des Roms le 25 mars à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, après des rumeurs sur les réseaux sociaux.

"Une envie d'en découdre presque bestiale à l'encontre de pauvres gens" : trois jeunes hommes ont été condamnés mercredi à Bobigny à des peines allant jusqu'à dix mois de prison ferme pour une expédition punitive contre des Roms en Seine-Saint-Denis, après des rumeurs sur les réseaux sociaux.
L'un d'eux, accusé d'avoir lâché son chien contre des Roms le soir des faits, a été condamné à six mois de prison ferme. Il est parti en détention, se trouvant en état de récidive légale. Un quatrième a été relaxé. 

Le 25 mars, vers 20h, une soixantaine de personnes munies de pelles, de pierres et de bâtons se ruent sur un pavillon squatté par des familles roms à Clichy-sous-Bois. Depuis plusieurs jours, une folle rumeur circule sur les réseaux sociaux: des Roms, à bord d'une camionnette, kidnapperaient des enfants. Dans le département qui compte 34 campements roms, d'autres expéditions punitives du même type ont lieu. A Clichy-sous-Bois, les policiers sont sur leur garde, ils savent que des jeunes veulent s'en prendre "au premier Rom qu'ils croisent", "parce qu'ils ont soi-disant enlevé la soeur d'un copain", raconte à la barre un agent de la BAC. "Vous aviez entendu parler de cette rumeur ?", demande la présidente, aux quatre garçons alignés devant elle. "Oui, sur Facebook", répond l'un.
Ils ont tous un travail ou une formation. Un seul a un casier judiciaire fourni. Le plus âgé n'a que 22 ans. Mercredi, il a été condamné à dix mois de prison ferme, accusé d'avoir, avec une dizaine d'autres personnes, roué de coups un Rom alors qu'il était au sol.
 

"Une réaction complètement irrationnelle"

La procureure avait requis dix-huit mois de prison, dont huit ferme avec mandat de dépôt à son encontre, dénonçant la réaction "complètement irrationnelle" de jeunes "bien sous tout rapport" qui se retrouvent à commettre des violences "racistes, xénophobes". Aucun Rom n'a déposé plainte. Terrorisés, ils avaient quitté la ville après l'agression. Ce soir-là, "des femmes, des enfants pleuraient", raconte un autre policier à la barre. "On va s'en faire un, on va le fumer !", entend-t-il crier. 

A l'audience, les quatre prévenus ont maintenu leur version: oui, ils étaient là mais "par hasard" et n'ont rien à voir avec les faits. "Je rentrais du travail, je me suis arrêté, par curiosité", dit l'un. L'autre allait "manger au restaurant". Le troisième promenait son chien, "comme tous les jours". "Il n'y a pas d'éléments matériels, de preuves", ajoute Dyhia Chegra, avocate de trois prévenus, en demandant leur relaxe."S'ils n'ont pas commis les faits qu'on leur reproche, ils n'ont pas essayé non plus de les empêcher", souligne de son côté Me Yael Scemama pour la Licra, l'association de lutte contre le racisme, qui a demandé un euro de dommages et intérêts.
Dans sa décision, le tribunal a expliqué s'être appuyé sur les "témoignages" concordants de trois policiers et avoir tenu compte du contexte de l'agression, cette "envie d'en découdre presque bestiale à l'encontre de pauvres gens qui n'avaient rien demandé"
  
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