Il avait logé une quarantaine de famille dans des conditions indignes dans sa clinique de Seine-Saint-Denis. Jugé à Bobigny, un an de prison ferme vient d'être requis contre un ancien médecin.
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Un an de prison ferme a été requis hier contre un ancien médecin accusé d'être un marchand de sommeil. Helmi Boutros, 66 ans, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour sept infractions entre juillet 2013 et février 2018. Ce qui lui est reproché, c'est d'avoir notamment transformé illégalement trois étages de son ancienne clinique à Neuilly-sur-Marne en une quarantaine de logements et d'avoir ainsi exposé 75 locataires à un "risque immédiat de mort ou de blessures". Le vice-procureur de la République, Pierre Grinsnir, a réclamé trois ans de prison, dont deux avec sursis, contre M. Boutros, ainsi qu'une amende de 150.000 euros. "M. Boutros aurait pu être à l'origine de dizaine de morts", s'est-il exclamé dans son réquisitoire, faisant référence à l'installation électrique défaillante à l'origine de trois départs de feu entre 2015 et 2018.
Des appartements infestés de cafards, sans électricité
Parmi les locataires,
de nombreuses familles avec enfants en bas âge résidaient dans des appartements sur occupés, aux murs couverts de moisissure, parfois sans chauffage, ou infestés de cafards et de souris. D'autres vivaient
dans le noir, les volets roulants des fenêtres étant cassés en position basse. Interrogé à la barre sur le profil de ces derniers, tous dans des situations sociales précaires, l'ancien médecin a répondu choisir "des personnes sérieuses qui n'avaient pas la bonne couleur de peau ou pas le bon passeport, car j'ai eu moi-même des difficultés à me loger plus jeune". Il a même été jusqu'à qualifier sa démarche de "révolte contre un système" discriminatoire. "L'immeuble était entretenu, c'était nettoyé régulièrement, les poubelles vidées", s'est-il encore défendu, assurant que les logements étaient "neufs" lorsqu'il les a mis en location en 2014. "Ca a été dégradé par les locataires", a-t-il répété. Des propos contredits par l'un des anciens locataires. L'immeuble avait été déclaré inhabitable par les autorités en juillet 2017. La mairie avait procédé en août 2018 à l'évacuation des familles encore présentes.
120 000 euros de loyers par an
Selon le tribunal, le propriétaire percevait en moyenne un minimum de 120.000 euros par an de loyer. Le rez-de-chaussé et le premier étage de l'immeuble lui rapportaient également 240.000 euros par an, occupés par une partie du service social du Conseil général de Seine-Saint-Denis qui y louait des bureaux depuis 2009. Ce dernier n'a pas porté plainte. L'ancien médecin est également poursuivi pour
blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux. Le parquet a demandé sa relaxe concernant ces chefs d'accusation en raison d'un "manque d'éléments". Le jugement sera rendu le 9 janvier 2019.