À Clichy-sous-Bois, un château pour les médecins

Une maison de santé regroupant une vingtaine de praticiens est inaugurée lundi dans un petit château de Clichy-sous-Bois, une réponse au problème de la désertification médicale qui frappe les banlieues déshéritées.

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Les 30.000 habitants de cette Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, ne disposaient plus que de 16 médecins généralistes, d'un gynécologue et d'un radiologue avant l'ouverture de cette maison de santé. Soit sept médecins de moins qu'il y a cinq ans.

"L'objectif est de stopper une forme d'hémorragie en proposant un lieu extrêmement valorisant, un château" du XIXe siècle refait à neuf, dans une ville plus connue pour ses cités, se réjouit le maire Olivier Klein. Il espère "stabiliser la population de médecins", voire en attirer.

Les 700 m2 de la maison de santé ont déjà permis l'installation d'un psychiatre et d'un dermatologue, dont la commune était dépourvue. Le carnet de rendez-vous de l'orthophoniste est déjà plein.

Dans ce lieu, "nous avons de meilleures conditions de travail. Sans ça, dans dix ans, il n'y avait plus de médecins à Clichy-sous-Bois", explique le Dr Alain Rodriguez, l'un des cinq généralistes de l'établissement.

Avant l'ouverture de cette maison de santé où les médecins s'engagent à ne pas refuser les consultations de titulaires de la couverture maladie universelle (CMU) ou de l'aide médicale d'Etat (AME), "les salles d'attentes (des médecins de ville) étaient pleines, il y avait des délais d'attente de 3H30 voire 4H00 chaque jour", narre ce médecin qui exerce à Clichy depuis 20 ans.
"L'insécurité lors des visites dans certaines cités", les journées à rallonge avec 40 à 45 consultations jusqu'à 22 heures, "tout cela n'attirait pas vraiment les médecins", déplore-t-il.

Dans cette banlieue nord-est de Paris, les inégalités de santé se ressentent du berceau -- il n'y a pas de pédiatre -- au tombeau -- l'espérance de vie des hommes y est inférieure de trois ans au reste de la région parisienne.
La désertification médicale y est d'autant plus douloureuse que la pauvreté et la précarité favorisent des pathologies moins répandues ailleurs, comme la tuberculose. On y meurt plus que dans le reste de la France du cancer et des maladies cardio-vasculaires.
Pour réhabiliter cette ancienne demeure bourgeoise, 3 millions d'euros ont été investis, dont un tiers par l'Union européenne au titre de la correction des déséquilibres régionaux en son sein.

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