Ce mois d’août, les fermetures partielles de services se multiplient à l’hôpital. Déjà touchée par la désertification médicale, la Seine-Saint-Denis n’est pas épargnée. Les urgences de l’hôpital privé de l’est parisien à Aulnay-sous-Bois sont fermées toutes les nuits, et ce jusqu’au 22 août.
Faute de médecin cet été, les urgences de l’hôpital privé de l’est parisien à Aulnay-sous-Bois sont fermées toutes les nuits, et ce jusqu’au 22 août. Pour soigner son père, une habitante de la commune a été obligée de s’adapter. "Il était malade la veille. Et comme je savais que les urgences étaient fermées, l’infirmier m’a dit de patienter, parce qu’il n’avait pas une grosse fièvre. Le lendemain matin, il n’avait pas de fièvre, mais j’ai préféré l’emmener par précaution, et j’ai attendu que ça ouvre à 9h", explique-t-elle.
La crise à l’hôpital est liée au fait qu’on était déjà en flux tendu mais (aussi) qu’on a des démissions massives.
Christophe Prudhomme, médecin urgentiste
"Nous sommes à flux tendu. On le voit à chaque période. Que ce soit la grippe saisonnière l’hiver, quand il fait un peu plus chaud, quand il y a une petite poussée de covid…", explique Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au Samu 93 de Bobigny et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF).
"Malheureusement nous n’avons pas le personnel. Les assistants de régulation médicale, les gens qui décrochent le 15, ne sont pas en nombre suffisant. C'est le cas chez ces personnels comme dans le reste de l’hôpital", ajoute-t-il. Ce dernier ajoute que "la crise à l’hôpital est liée au fait qu’on était déjà en flux tendu mais (aussi) qu’on a des démissions massives".
Enquête sur la situation des urgences
"Les services d'urgence, les SMUR, le 15 sont en grande difficulté de fonctionnement", a affirmé ce jeudi le président de Samu-Urgences France (SUdF) Marc Noizet au micro de franceinfo, après la publication par son syndicat d'une enquête sur la situation des urgences en juillet.
Ces difficultés de fonctionnement interviennent alors que les services ont été confrontés en juillet à une hausse d'activité moyenne de 12% comparée au même mois de 2021, soit 180.000 passages en plus, selon l'enquête en ligne effectuée par le SUdF auprès de 331 établissements de santé (soit près de 50% des structures ayant un service d'urgence).
L'enquête souligne également que 88 établissements ont "mis en place une restriction d’accès" en juillet 2022, dont 67 "avec une régulation médicale préalable et systématisée par le Samu-Centre 15 pour autoriser l’accès aux urgences". Elle explique également que 42 services d'urgence ont dû avoir recours à des fermetures totales la nuit.
Régulation
Mercredi matin, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun a défendu son projet. Pour lui, "il n’y a pas de fermetures d’urgences". "Je crois qu’il faut arrêter avec ce terme qui est tout le temps utilisé, qui est un terme qui fait peur", ajoute-t-il, précisant qu'"Il y a un accès régulé médicalement ou par des soignants vers les services d’urgences dans les endroits où il n’y a plus les moyens humains pour faire tourner sans cette régulation", explique le ministre.
Il insiste sur le fait que "cette régulation n’apporte pas une dégradation des soins (...) mais apporte au contraire une meilleure orientation des patients en fonction des besoins".
Début juillet dernier, missionné par le président de la République pour une "mission flash", François Braun avait saisi l'occasion pour mettre sur la table l'idée d'un filtrage généralisé par le Samu, convaincu que l'appel systématique au 15 peut réduire l'afflux de patients, car "les urgences, ça ne peut plus être 'open bar'".