Après avoir suivi quelques sessions d'une formation plus que douteuse, des demandeurs d'emploi dénoncent les failles d'un système censé les aider à retrouver un emploi. Entre promesses d'embauche et employeurs fantômes, ils ont obtenu l'aide de France Travail ce matin à Montreuil.
C'est une première victoire pour la vingtaine de chômeurs. Ils ont obtenu gain de cause auprès de la Direction régionale de France Travail à Montreuil (Seine-Saint-Denis), après avoir été reçus ce matin, par David Cedille, le directeur du développement des compétences dans les territoires. Si la délégation, soutenue par la CGT Chomeurs précaires, s'attendait à pouvoir s'entretenir avec la direction, sans rendez-vous préalable, la prise de mesure immédiate par cette dernière, a soulagé ces demandeurs d'emploi, victimes selon eux "d'une arnaque à la formation".
France Travail a promis un accompagnement personnalisé pour chaque demandeur d'emploi, afin de les repositionner sur des formations qui correspondent à leur projet professionnel. "Un véritable soulagement" pour Jérémy Villette, demandeur d'emploi. "C'est une victoire collective, ça montre que nous ne sommes pas juste des numéros d'allocataire. Néanmoins, je pensais trouver un travail et me rapprocher de mes parents. Là, je dois tout remettre en question, car on m'a vendu du vent".
Des chômeurs au centre d'une escroquerie à 70 000€ ?
Comme d'autres, cet ancien salarié d’Aides (l'association d'aides aux victimes du Sida), participe à une formation de "contrôleur technique énergique", dispensée par KELLY formation, seul centre à proposer une formation de ce type. Le prix ? 8600 euros payés par France Travail, pour apprendre à vérifier la conformité des logements et bureaux suivants les règles de la transition énergétique.
Ces demandeurs d'emploi ont signé une POEI, préparation opérationnelle à l'emploi individuelle, qui permet à un employeur de faire financer via France Travail, la formation du personnel qu'il cherche à recruter. En contrepartie, l'employeur signe des promesses d'embauche pour des CDI et ce n'est qu'à la signature de ces contrats, que le centre de formation encaisse l'argent. Ici 70 000 euros au total selon la CGT.
De fausses promesses d'embauche signées ?
Pour les participants, il n'y a plus aucun doute, ils étaient au centre d'une escroquerie entre Kelly formation et les différents employeurs comme MK Finances ou encore 2MD Vitrerie... "Nous n'avons jamais été en contact avec notre prétendu futur patron, il n'a jamais répondu au téléphone", déplore Jérémy Villette. Pourtant, ces entreprises existent bel et bien.
Face à la pression, centre de formation et employeurs se renvoient la balle. D'un côté KELLY formation a décidé de suspendre les sessions de formation, de l'autre, MK Finances, par exemple, accuse le centre d'avoir usurpé son identité pour faire miroiter des contrats à des demandeurs d'emploi, et donc gagner de l'argent sur leur dos. Aucune des deux sociétés que nous avons contactées n'a répondu à nos sollicitations.
Des promesses d'embauche auraient bien été signées par MK Finances, mais seulement pour 4 personnes. Ces dernières n'ont pas été gardées à l'issue de leur période d'essai. KELLY formation aurait donc, selon les règles de France Travail, empoché les financements de leurs formations.
France Travail reconnaît une erreur
Au milieu de ce ping-pong, ces chômeurs se retrouvent désormais sans rien, mis à la part la promesse de pouvoir reprendre sereinement un nouveau départ, avec une nouvelle formation professionnelle. Devant eux, France Travail a reconnu des manquements aux procédures de contrôle des organismes de formation, et promet que cela ne se reproduira plus.
"Au de-là du projet professionnel à reconstruire, nous demandons également que les jours d'indemnisation passés pendant la formation, soient récupérés", demande Pierre Garnodier, secrétaire national du Comité national CGT Chômeurs précaires.
Un enjeu capital pour eux, à l'heure où la réforme sur l'assurance chômage, visant à réduire les durées d'indemnisation, va entrer en vigueur. Le groupe porté par la CGT Chômeurs précaires va rencontrer son avocat le 6 juin prochain, afin d'entamer une procédure judiciaire contre KELLY formation et les différents employeurs qui ont collaboré avec le centre de formation.