L'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) dénonce une situation sanitaire dégradée. Elle met fin à ses activités au sein de la zone d'attente de l'aéroport de Roissy, infestée par les punaises de lit.
La plus grande zone d'attente aéroportuaire de France, là où sont regroupées les personnes qui n'ont pas été autorisées à entrer sur le territoire français, est envahie par les punaises de lit. Depuis les premiers signalements en février, l'Anafé assure que "la situation ne cesse de se dégrader".
L'association qui assure une aide juridique pour ces personnes en attente de régularisation administrative, étrangers non admis sur le territoire français ou demandeurs d’asile, affirme être "contrainte de suspendre ses missions d'intervention" sur place. Elle continue néanmoins sa permanence téléphonique.
Piqûres et troubles psychologiques
L'infestation par les punaises de lit, ces petits insectes qui se nourrissent principalement de sang humain, peut entraîner différentes conséquences psychologiques voire psychiatriques comme des troubles du sommeil, de l'anxiété ou un sentiment de panique, explique l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un rapport publié mi-juillet.
Des mesures ont été prises à Roissy : création d'une buanderie, désinfection des chambres à la vapeur sèche, mais elles sont jugées inefficaces par l'Anafé, en raison du taux d'occupation élevé des chambres de cette zone (jusqu'à 120 personnes au cours des dernières semaines, selon l'association).
La directrice de l'Anafé, Laure Palun, réclame "une modification du protocole". "S'il y a une infestation de nuisibles dans un lieu d'enfermement, il appartient à l'administration de le fermer le temps que le problème soit éradiqué", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Elle a effectué plusieurs signalements auprès du juge des libertés et saisi, entre autres, la direction centrale de la police aux frontières et le ministère de l'Intérieur, a-t-elle ajouté.
"Pas d'atteinte au droit à la vie et à la santé"
L'avocate Sonia Boundaoui, qui a rencontré le 22 juillet trois ressortissants marocains maintenus dans cette zone, raconte : ils étaient "maculés de piqûres" et "m'ont expliqué que cela faisait trois fois qu'ils changeaient de chambre, qu'ils ne dormaient plus et qu'ils avaient été contraints de dormir dans le couloir".
Lors d'une audience pour statuer sur la prolongation de leur maintien en zone d'attente, le juge des libertés et de la détention a considéré que "si l'exposition (était) particulièrement désagréable, les conséquences (tant dans la durée que physiquement) ne sont pas telles qu'elle soit susceptible de constituer une atteinte au droit à la vie et à la santé ou un traitement inhumain et dégradant", poursuit-elle.
Jeudi, 66 étrangers dont 4 enfants étaient dans la zone d'attente de Roissy, selon l'Anafé.