Jets de gaz lacrymogène gratuits, faux procès-verbaux… Six policiers de Seine-Saint-Denis jugés au tribunal de Bobigny

Soupçonnés de dérives policières, ils se retrouvent sur le banc des prévenus. Six membres d’une brigade de proximité de Pantin, en Seine-Saint-Denis sont jugés dès ce mercredi 31 mai. Les faits qui leur sont reprochés datent de 2019 et de 2020.

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Ces policiers sont suspectés d’avoir procédé à des jets de gaz lacrymogène "gratuits", en plus de coups de poing et de matraque sans justification. Ils auraient aussi rédigé de faux procès-verbaux et effectué des perquisitions nocturnes illégales.

Les membres de l’unité en cause, âgés de 30 à 48 ans, sont chargés spécialement du suivi de quartiers sensibles. Il s’agit de l’une des deux brigades territoriales de contact (BTC), à Pantin (Seine-Saint-Denis).

Les prévenus sont notamment poursuivis ce 31 mai pour "violences par une personne dépositaire de l'autorité publique" et "faux en écriture publique ou authentique". 

Des soupçons documentés par la police des polices

La multiplication des plaintes autour des agissements de la BTC Quatre-Chemins, avait motivé l'ouverture d'une enquête judiciaire. Elle avait été confiée en 2020, à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). La police des polices souhaitait éclaircir les méthodes de cette unité. Elle avait pour mission de recueillir des renseignements dans les quartiers, en ayant une certaine liberté d'action.

Plusieurs faits sont reprochés à ces policiers de la BTC Quatre-Chemins, entre 2019 et 2020. Ils étaient en charge des cités Scandicci et des Courtillières, connues pour héberger du trafic de drogue. L'un des prévenus, accusé du plus grand nombre d'actes de violences dans le dossier, ne s'est pas présenté à l'audience au motif qu'il a désormais quitté la police nationale et ne peut se libérer en raison de ses "obligations professionnelles".

L'enquête a révélé un certain nombre de faits de violences contre des jeunes, de procès-verbaux faux ou d'arrestations truquées. Sur les huit policiers placés en garde à vue début 2021, le parquet a engagé des poursuites contre six d'entre eux. 

Des faits de violences niés par la défense

Pour ce premier jour d'audience, le tribunal s'est notamment penché sur la fracture de la main à coups de matraque d'un jeune au sein du commissariat, lui occasionnant 45 jours d'incapacité totale de travail (ITT).

"Il me dit 'mets ta main sur la table, sinon je frappe sur tes jambes' (...). Il a commencé à frapper j'ai dit non, non ! À ce moment-là, l'autre policier m'a attrapé la main pour la tenir et qu'il me frappe dessus", a décrit la victime, un habitué de la garde à vue. 

Des accusations balayées devant les juges par le brigadier-chef Christian M., un corpulent Guyanais de 48 ans, qui se décrit comme "le plus gentil au commissariat": "C'était pas très fort, peut-être qu'il est fragile", a-t-il soutenu, en difficulté à la barre. 

Le procès doit se tenir jusqu'au 2 juin. 

Avec AFP

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