Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, et ancien maire de Drancy et député de Seine-Seine-Saint-Denis, comparaît lundi devant le tribunal correctionnel de Paris aux côtés de sa belle-mère, à qui il est soupçonné d'avoir octroyé un emploi fictif d'assistante parlementaire.
Défait aux législatives de juin après quatre mandats successifs, l'ancien député de Seine-Saint-Denis répondra de "détournements de fonds publics" au profit de Monique Escolier-Lavail, la mère de sa femme.
Employée à l'Assemblée pendant quinze mois à la fin des années 2000, elle sera jugée pour "recel" de ce délit.
Joint par l'AFP, l'avocat de M. Lagarde évoque un "dossier vide" et dénonce l'enquête "exclusivement à charge" menée de bout en bout par le parquet national financier (PNF).
"M. Lagarde n'a jamais pu dialoguer avec un juge et va donc avoir, pour la première fois, l'occasion de s'expliquer", se félicite Me Yvon Goutal.
Sa femme, assistante parlementaire pendant 12 ans
Le PNF avait ouvert son enquête en octobre 2017 après la plainte de Hacène Chibane, conseiller d'opposition EELV à Drancy (Seine-Saint-Denis), qui s'interrogeait notamment sur l'emploi d'assistante parlementaire de l'épouse de M. Lagarde, Aude Lavail-Lagarde, entre 2002 et 2014.
Mme Lavail-Lagarde, qui a succédé à son mari à la tête de la ville de Drancy en 2017, avait démissionné de ces fonctions à l'Assemblée en 2014 après qu'un militant centriste eut accusé Jean-Christophe Lagarde de l'employer illégalement.
Dans sa plainte, M. Chibane accusait également M. Lagarde, maire de 2001 à 2017, d'avoir fait prendre en charge par la commune le salaire de plusieurs assistants parlementaires travaillant à ses côtés.
"Équipe fantôme"
À l'issue de son enquête, le PNF n'a toutefois retenu que le cas de la belle-mère de l'ancien édile, dont la réalité du travail parlementaire est contestée par M. Chibane. "Elle n'avait aucune compétence parlementaire, si ce n'est d'être la belle-mère de M. Lagarde", affirme à l'AFP l'élu d'opposition.
L'audience, prévue sur un seul après-midi, permettra de connaître le montant des fonds publics en jeu dans ce dossier.
"Le principal impact n'est pas financier", évacue toutefois M. Chibane. "L'impact, il est pour notre circonscription qui a été abandonnée et a perdu tous les arbitrages parce que l'équipe de M. Lagarde n'a pas travaillé ses dossiers. C'était une équipe fantôme".
Nuages judiciaires
Allié à LR lors des dernières législatives, le patron de l'UDI (Union des démocrates et indépendants) depuis 2014 a vu les nuages judiciaires s'accumuler ces derniers mois.
Début septembre, l'ex-député de 54 ans a été placé en garde à vue dans l'enquête sur les fausses accusations, relayées par Le Point, contre celle qui lui a ravi son siège à l'Assemblée en juin, Raquel Garrido, et son mari Alexis Corbière.
L'hebdomadaire reprochait indûment au couple de députés LFI d'avoir employé une femme de ménage sans papier.
Aucune poursuite n'a été engagée à ce stade contre M. Lagarde mais un de ses anciens collaborateurs a été mis en examen dans ce dossier, notamment pour "escroquerie en bande organisée" et "faux et usage de faux".
Début septembre, le tribunal administratif de Montreuil a par ailleurs annulé l'élection de M. Lagarde comme adjoint au conseil municipal de Drancy, où il cherche à siéger depuis sa défaite aux législatives, en raison d'irrégularités lors du scrutin.
Dans la pratique et même pendant sa députation, M. Lagarde n'a jamais abandonné la gestion des affaires courantes de la ville, notamment en tant que conseiller municipal chargé de la coordination des conseils de quartier.
En mars 2021, le patron de l'UDI avait par ailleurs été placé en garde à vue après la découverte de plusieurs armes à son domicile par des policiers, appelés pour un différend familial.
Source : AFP