PORTRAIT. Gary Hunt, champion du plongeon de haut vol : entre esthétisme et amour du risque

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Ce week-end, Gary Hunt se lancera dans la quête d'un onzième titre de champion du monde. Ce Britannique naturalisé français pratique le plongeon de haut vol. Une discipline mêlant esthétisme et technique à très haute altitude. Rencontre avec ce surdoué des tremplins qui s'entraîne depuis de nombreuses années à Montreuil.

"Je reconnais qu'il faut être un peu fou" : Gary Hunt le concède aisément. Sa discipline demande des qualités physiques et mentales bien spécifiques. Ce week-end, c'est au pied de la Tour Eiffel que ce Britannique naturalisé Français tentera de glaner un nouveau titre mondial en plongeon de haut vol.

À l'occasion du Red Bull Cliff Diving (qui a lieu ce samedi et dimanche), il s'élancera d'un plongeoir de 28 mètres de haut afin d'enchaîner les acrobaties. "C'est avant tout un sport technique. Il faut être précis dans ses gestes et faire la plus belle entrée dans l'eau possible", explique celui qui a déjà dix titres de champion du monde à son actif.

La natation, la danse puis le plongeon 

Dès le plus jeune âge, son père souhaite faire de lui un bon nageur. "Il m'a mis très tôt à la natation. Il avait déjà fait cela avec mes deux sœurs aînées. Il voulait qu'on se débrouille dans l'eau." En plus de la nation, il pratique quelque temps la danse et la gymnastique. "Je pense que ces deux disciplines m'ont aidé pour le plongeon car elles m'ont appris à maîtriser mon corps", estime le natif de Londres.

À 9 ans, c'est à Leeds, au nord de la capitale britannique, qu'il découvre le plongeon. "Je voyais sans cesse les plongeurs autour de la piscine en train de s'amuser. Ils faisaient leur plongeon puis revenaient discuter avec les autres. C'était très différent de la natation qui imposait beaucoup de rigueur", se souvient-il. Ses premiers entraînements se font sur un tremplin à 3 mètres de hauteur.

Rapidement, il s'essaye à la plateforme stable haute de 10 mètres. "Pendant un an, j'ai continué la natation en même temps que le plongeon puis j'ai compris que les tremplins étaient faits pour moi." Il s'inscrit alors à ses premières compétitions. "J'étais bon mais je sentais qu'il me manquait quelque chose pour l'emporter", explique-t-il. Les compétitions s'enchaînent pour lui durant l'adolescence. D'abord à 3 mètres puis à 10. En 2006, à 22 ans, il remporte la médaille de bronze aux Jeux du Commonwealth. Il manque cependant de peu la qualification pour les JO de Pékin en 2008. "Je me suis dit à ce moment-là que j'avais besoin de changement", estime-t-il.

"J'ai pu apprendre de nouveaux plongeons" 

C'est par le biais d'amis plongeurs qu'il découvre dans la foulée de cet échec le plongeon de haut vol. "J'ai adoré car cela me permettait de faire parler ma créativité. J'ai appris de nouveaux plongeons et je pouvais en créer certains moi-même." Pendant trois ans, il participe à des exhibitions avant de se lancer sur la scène internationale.

"C'est mon ami Steve Black, un plongeur australien qui m'a conseillé de m'inscrire au Red Bull Cliff Diving de 2009, une sorte de championnat du monde de la discipline." Il remporte alors le premier de ses dix titres sur l'évènement. "C'était un nouveau monde qui s'ouvrait à moi."

"Il faut débrancher le cerveau" 

Un nouveau monde où les médailles se jouent à plus de 20 mètres de haut. Cela change la donne en termes d'approche mentale. "Lorsqu'on s'apprête à sauter, il faut débrancher notre cerveau. Humainement, nous ne sommes pas programmés pour sauter d'une telle hauteur, donc le cerveau nous donne le signal de ne pas y aller pour nous protéger. C'est avant tout une question de confiance. On pourrait trouver des millions d'excuses pour ne pas sauter mais il faut rester détendu."

Rester détendu : sans doute plus facile à dire qu'à faire. Le plongeoir duquel il s'élancera ce week-end sera placé à une hauteur équivalente à celle d'un immeuble de neuf étages. C'est à Montreuil qu'il s'entraîne depuis qu'il a déménagé en Île-de-France en 2009. "Je suis arrivé en France par amour et j'ai toujours travaillé dans la région parisienne", explique celui dont la discipline peine encore à se professionnaliser.

Dans les piscines de Seine-Saint-Denis, il travaille l'aspect technique de ses plongeons. "C'est très important car le jury est attentif à beaucoup de détails comme l'alignement du corps au moment de l’arrivée dans l'eau ou encore la distance que vous parcourez sur la plateforme avant de sauter. Celui qui gagne est souvent celui qui fait le moins d'erreurs techniques", détaille celui qui a été naturalisé français en 2018.

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Paris 2024 comme objectif 

Depuis 2010 le Francilien a remporté toutes les compétitions annuelles du Cliff Diving. À Paris, il tentera de franchir une étape de plus vers un onzième titre de suite. À 39 ans, il estime ne plus pouvoir se permettre de "venir en favori car les jeunes sont de plus en plus créatifs. Je vais devoir sortir le grand jeu pour l'emporter."

À la suite de cette compétition, cet esthète des tremplins entend démarrer sa préparation pour les JO de Paris 2024. Il espère participer à ses premiers Jeux devant le public francilien. Pour ce faire, il tentera de se qualifier pour l'épreuve du plongeon synchronisé à dix mètres. Il pourrait représenter la France avec son compatriote Louis Szymczak. "Ce serait génial de pouvoir gagner à Paris", imagine-t-il. Une sorte de point d'exclamation sur une carrière déjà bien remplie.

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