REPORTAGE. "Cela fait 60 ans que j'attends que le métro arrive ici", la ligne 11 enfin prolongée

Six nouvelles stations ont ouvert sur la ligne 11 du métro de Paris, ce jeudi 13 juin. Ce prolongement met les habitants du nord-ouest de la Seine-Saint-Denis à 25 minutes de Châtelet. Un vrai changement de vie pour les voyageurs rencontrés.

Les habitants de Rosny-sous-Bois, Noisy-le-Sec, Romainville, Montreuil et Les Lilas (Seine-Saint-Denis) voient enfin le bout du tunnel. Depuis ce 13 juin à 12 heures, ils profitent du prolongement de la ligne 11 du métro. Huit ans de travaux qui permettent désormais de relier Châtelet, au centre de Paris, à la station Rosny-Bois Perrier, dans le nord-ouest de la Seine-Saint-Denis.

La ligne 11 fait partie des prolongements et des ouvertures de lignes de métro du Grand Paris Express, dont les premières ouvertures sont prévues cette année. Elle désenclave des quartiers qui n'étaient auparavant desservis que par les bus ou les RER. Des moyens de transport ralentis par les embouteillages ou aux fréquences jugées insuffisantes par les passagers.

Voyage au fil des nouvelles stations, et rencontre avec ces habitants qui sont voisins de la ligne. Toutes et tous sont d'accord pour dire qu'il s’agit d’une avancée dans leurs déplacements, que ce soit pour leur travail ou les loisirs.

Une alternative rapide

Devant le centre commercial Rosny 2, à Rosny-sous-Bois, Thomas et sa patronne Sandrine*, 33 et 40 ans, sont impatients. Tous deux habitent à la station Mairie des Lilas, et travaillent dans un magasin de ce centre commercial. "On n'est pas trop loin du périphérique, nous prenons donc la voiture, pour à peu près 8 à 10 min de trajet. Là, on va abandonner la voiture et prendre les transports en commun. Cela sera peut-être un peu plus long, mais il n’y aura plus à faire du chemin, et à trouver un stationnement. On reste assis de bout en bout, jusqu’au terminus", confient-ils. 

Juste à côté de la station Rosny-Bois Perrier, Emmanuelle, 42 ans, a aussi hâte de monter à bord du premier train. Cette responsable dans la fonction publique habite à 23 minutes à pied du nouveau terminus à Rosny-sous-Bois, et se réjouit de l’arrivée de la ligne 11 dans la ville : "J’ai acheté mon logement ici en 2017, en sachant qu’il y avait le prolongement de cette ligne qui était prévu. La nouvelle station est pratique, surtout pour sortir dans Paris", s’enthousiasme-t-elle.

Les difficultés de transport qu'elle rencontrait commençaient à la déranger. "Je sortais de moins en moins dans Paris, à cause du RER E. On ne sait même plus pourquoi il ferme à 22h30 en semaine, depuis au moins 5 ou 6 ans. Le week-end, ce n’est pas mieux, avec 1 train sur 2, toutes les 30 minutes. Il me fallait prendre un Uber ou finir en bus, et cela me prenait une heure ou 1h30 pour rentrer chez moi, quand je sors", déplore Emmanuelle.

Moins de correspondances jusqu'à Paris

Après avoir embarqué dans le premier métro, arrivée à Coteaux Beauclair. La station est à cheval entre Noisy-le-Sec et Montreuil (Seine-Saint-Denis). Bernard*, 53 ans, attend sur le quai. Il habite Noisy-le-Sec, depuis 11 ans, et doit faire deux heures de trajet par jour, pour aller travailler à Olympiades. Une heure à l'aller, autant au retour. "Je dois d'abord attraper le RER E jusqu'à Magenta-Gare du Nord, puis le RER B jusqu'à Châtelet, avant de prendre le métro 14 jusqu'au terminus. Là, je marcherai 5 minutes depuis chez moi, puis je prends la ligne 11 jusqu'à Châtelet, et la ligne 14", détaille-t-il. 

Le voyage continue, direction Montreuil-Hôpital. À la sortie de la station, Delfina, 84 ans, admire l'entrée fraîchement inaugurée, avant de s'y aventurer. Elle habite à cinq mètres de la station, et en face de l'hôpital de Montreuil. "Cela fait 60 ans que j'attends que le métro arrive ici, c'est une bénédiction du ciel. On a subi beaucoup des travaux. Il a fallu prévenir les employés de chantier pour pouvoir sortir, être patient, mais le résultat est beau", se souvient-elle. Place désormais à la joie : "Le bus 129 passait à 100 mètres de chez moi, et me déposait au métro Mairie de Montreuil, pour aller à Paris. Maintenant, je sors de ma maison, et je suis direct dans le métro."

Autre saut de puce, cette fois vers l'ancien terminus de la ligne, à la mairie des Lilas (Seine-Saint-Denis). Kalim et Yassine, tous deux lycéens, ont 17 ans. Ces élèves de terminale étudient à Paris. "C'est une aubaine pour nous, parce que notre trajet sera plus rapide. On n'aura plus à monter jusqu'à la gare RER de Noisy-le-Sec, aller jusqu'à Saint-Lazare, puis rejoindre Paris. Ce sera direct pour nous", assurent les deux copains.

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Le prolongement de cette ligne incite déjà d'autres communes à vouloir leur station de métro. Des communes comme Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) se mobilisent déjà pour que la ligne 11 poursuive son chemin. Toujours plus à l'Est. 

* Prénoms changés pour respecter l'anonymat