Ce chef d'entreprise de 57 ans a été arrêté cette semaine. L'homme sera jugé le 4 juin. Il est suspecté d'avoir commandité l'agression d'Oriane Filhol, sixième adjointe au maire de Saint-Denis, en décembre dernier.
L'homme a été interpellé mercredi 13 mars par la police, d'après une information du Parisien, que confirme l'AFP. Les enquêteurs soupçonnent Mouloud B., 57 ans, d'être le donneur d'ordre, dans l'affaire de l'agression d'Oriane Filhol. Ayant demandé le renvoi de son procès, il sera jugé le 4 juin prochain. Il est pour le moment placé sous contrôle judiciaire.
La sixième adjointe au maire (Parti socialiste) de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, avait été suivie après une réunion, par deux hommes. L'un des deux la rattrape sous un porche, lui fait une balayette et la frappe à la tête avant de prendre la fuite, sans un mot. Cette agression avait choqué, quelques mois seulement après l'attaque à son domicile du maire (Les Républicains) de l'Haÿ-les-Roses.
Cette arrestation s'ajoute à celle de trois personnes, le 17 janvier dernier. À leur procès, ils avaient expliqué qu'un mystérieux commanditaire leur avait promis 2 500 euros chacun, pour frapper une personne qu'ils ne connaissaient pas. Âgés de 18 à 22 ans, ils avaient été condamnés à des peines allant de 6 mois à 1 an de prison ferme. Si les arrestations se succèdent, l'enquête se poursuit encore.
Des images et une discussion qui intriguent
Les images de vidéosurveillance de la ville montrent un homme désigner du doigt aux exécutants Oriane Filhol au moment où elle sort de sa réunion. Il n'est pas identifié à l'époque, mais aujourd'hui suspecté d'être Mouloud B. La victime croit le reconnaître comme donneur d'ordres. Dans la ville, il est connu en tant qu'entrepreneur, ayant fait l'objet de plusieurs portraits dans la presse pour son engagement social. Cependant, elle écarte aussitôt cette hypothèse car "cela semblait vraiment trop gros".
Un autre élément intrigue toutefois Oriane Filhol. Début mars, le chef d'entreprise vient s'asseoir à côté d'elle à un gala de boxe, pour prendre de ses nouvelles. De but en blanc, son interlocuteur tente de justifier son absence le soir des faits au conseil d'administration du bailleur social de la ville, dont Oriane Filhol sortait lorsqu'elle a été attaquée. "Au moment où il s'est assis à côté de moi, j'ai développé l'intime conviction que c'était lui", relate la sixième adjointe au maire de Saint-Denis. Elle alerte alors la police.
Après des recoupements, Mouloud B. a été interpellé mercredi matin à son domicile. "Il reconnaît qu'il était présent le soir des faits sur les lieux tout en se disant complètement étranger à l'agression", déclare le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Le mobile de l'agression encore inconnu
Le mobile du passage à tabac reste encore nébuleux, la mairie et la victime disant ne pas avoir de litige avec cet entrepreneur. "Tout cela nous apparaît complètement flou et incompréhensible", indique le maire (Parti Socialiste) Mathieu Hanotin, en espérant que l'audience de juin permettra de faire la lumière sur cette affaire.
Lors du procès des trois jeunes arrêtés en janvier dernier, le maire avait indiqué supputer un lien avec l'opération de rénovation urbaine prévue dans la cité des Francs-Moisins, quartier sensible dont sont originaires deux des jeunes arrêtés. Ce projet "va complètement exploser le point de deal", explique l'édile, en référence au trafic de drogue.