Environ 150 migrants, soutenus par des étudiants, occupent un des bâtiments de l'université Paris-8 à Saint-Denis depuis le 30 janvier. Mais leur expulsion est imminente : la présidente de l'université a prévenu qu'elle ferait évacuer la fac par la police cette semaine.
L'occupation d'un des bâtiments de Paris-8 à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, toucherait à sa fin. La semaine dernière, la présidente de l'université Annick Allaigre a demandé son évacuation. Et donné un ultimatum aux étudiants et aux 150 migrants qui y dorment depuis six mois. Ils avaient jusqu'au dimanche 17 juin pour partir. Or, depuis, rien n'a bougé. Les policiers pourraient donc intervenir d'un moment à l'autre pour vider les lieux. Une situation que les occupants regrettent.
Car selon eux, la présidente de l'université Annick Allaigre "avait promis que les sans-papiers seraient régularisés à l'issue de négociations secrètes" pour ne pas créer de "précédent" en France. Mais les autorités auraient depuis fait "volte-face". Des allégations démenties par la préfecture de Seine-Saint-Denis. Elle a affirmé à l'AFP qu'il n'avait "jamais été question de régularisation ni de traitement global des dossiers". Seul un "examen des situations individuelles" a été effectué par ses services, a-t-elle ajouté, au terme duquel des "recommandations" ont été faites à chacun. Effectivement, une inscription à l’université aurait bien été proposée à une trentaine de migrants pour la rentrée. Pour les autres, aucune autre solution n’a été trouvée si ce n'est un retour à la rue.Paris 8: pas d'expulsion, le combat continue !#OccupP8 #NoOneIsIllegal #NoBorders pic.twitter.com/wPqdj1Vctm
— Les Exilé.e.s Occupent P8 (@ExileesOccupP8) 19 juin 2018
Six mois d'occupation
L'occupation a commencé le 30 janvier 2018. Ce jour-là, des étudiants décident d’héberger illégalement, au sein de leur établissement, de jeunes migrants rencontrés en maraudes. Il s'agit d'environ 150 exilés venus d'Afrique de l'Ouest, du Soudan ou encore d'Erythrée. Autour d'eux se constitue un collectif composé d’étudiants (également opposés à la sélection à l’entrée à l’université), d'enseignants et d’habitants du quartier.Leur mobilisation prend vite un tour politique : dénoncer "les politiques migratoires indignes" menées en Europe qui facilitent l’expulsion des personnes en situation d’irrégularité, dont la loi asile-immigration, pas encore votée à l'époque. Plus concrètement, le réseau d'aide demande l’obtention de papiers et des solution d’hébergement pour les migrants.
Des négociations s'engagent alors avec la présidente de l'université. Entre le 30 janvier et le 7 février, cinq réunions ont lieu avec le collectif. Des négociations rapidement dans l'impasse selon elle.
Dans un communiqué daté du 7 février, Annick Allaigre s'inquiète de l'absence de dialogue avec le collectif et de la dangerosité de la situation : "Nous soutiendrons la démarche, nous le ferons avec toute notre conviction et tout notre poids. Mais il est dangereux de persuader les migrant.e.s que Paris 8 peut obtenir une régularisation auprès de la préfecture hors du cadre de la loi." "Les installations sont vétustes et ont subi, du fait de l’usage du collectif, des dommages importants. Elles ne peuvent satisfaire aux exigences de la vie commune de plusieurs dizaines de personnes, en termes de chauffage, de cuisine. Le collectif met en danger les personnes qu’il souhaite protéger et refuse de comprendre que nous ne pouvons matériellement pas répondre à ses besoins."
C'est finalement l'évacuation qui a été décidé la semaine dernière. La présidente souhaiterait réaliser notamment des travaux de rénovation dans cette partie du bâtiment où les salles de cours ont été transformées en dortoirs, en cantine ou en salle de réunion.[#cp] La présidence de #Paris8 explique les démarches accomplies auprès des migrant(e)s actuellement en nos murs.
— Presse Univ Paris 8 (@Presse_Paris8) 7 février 2018
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