Après des cas de Covid-19 dans une école de Saint-Ouen, le préfet de Seine-Saint-Denis a pris un arrêté rendant obligatoire, dans cette ville, le port du masque dans les lieux clos recevant du public. Une mesure sanitaire qui sera bientôt élargie à toute la France, annonce Emmanuel Macron.
Le préfet de Seine-Saint-Denis a pris lundi 13 juillet un arrêté obligeant le port du masque dans les lieux clos recevant du public à Saint-Ouen. Cette décision, prise sur recommandation de l'Agence régionale de santé (ARS), intervient après "le recensement de plusieurs cas de tests positifs" lors d'"une opération de dépistage conduite auprès des enfants de l'école Anatole France" le 10 juillet, explique la préfecture.
Dans les commerces, services publics... il faudra porter un masque
L'arrêté vise "tout établissement clos recevant du public, que son activité soit d'ordre administratif ou commercial", indique la préfecture dans son communiqué. Sont notamment concernés les "commerces", "mairie", "services publics", "parties communes des hôtels".Plus de 20 personnes atteints par le Covid-19 ont été identifiés à l'école Anatole France
Karim Bouamrane, le nouveau maire PS de Saint-Ouen rappelle que plusieurs cas positifs au Covid-19 ont été détectés ces derniers jours dans la ville, notamment après le dépistage mené auprès des élèves de l'école Anatole France, avant les vacances scolaires. "Un groupe de cas atteints par le Covid-19 de plus de 20 personnes ont été identifiés au sein de la commune, à l'école Anatole France", précise la préfecture dans son arrêté. Une nouvelle opération de dépistage est prévue dans la commune ce 14 juillet.Ouverture à midi d’un centre de dépistage. Merci aux services de @ARS_IDF et @villesaintouen @Cpam93 pour avoir monté un service de dépistage en moins de 24h. La sante est une priorité. #SaintOuen pic.twitter.com/xBNa6zrWsL
— Karim Bouamrane (@karim_bouamrane) July 14, 2020
Par ailleurs afin d'éviter tout rassemblement des habitants et pour ne pas favoriser la propagation du virus, le maire de la ville, a aussi annoncé sur Twitter avoir pris la décision de reporter les festivités et le feu d'artifice prévus lundi 13 juillet à une date ultérieure,
A la suite de la réunion avec @ARS_IDF, j’ai pris la responsabilité de reporter le feu d’artifice du 13 juillet. Cette décision m’attriste mais la santé et la sécurité des Audoniennes et des Audoniens sont prioritaires #saintouen . https://t.co/W8iaAdZEtm
— Karim Bouamrane (@karim_bouamrane) July 13, 2020
Des médecins pressent l'exécutif de trancher sur un port obligatoire du masque dans tous les lieux publics clos
Depuis plusieurs jours les personnels soignants souhaitent que le gouvernement accélère sur la question des masques pour éviter un possible redémarrage massif des transmissions du Covid-19. Plusieurs médecins ont signé une tribune appelant au "port du masque obligatoire dans tous les lieux publics clos". Intitulée #MasquésMaisEnLiberté, cette tribune publiée dans Le Parisien, met en garde contre "un possible redémarrage massif des transmissions"."Il[le port du masque] ne vise pas qu’à se protéger soi-même, mais aussi à empêcher la diffusion du virus : à condition que tout le monde le porte! Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour vos parents plus âgés, votre frère ou sœur hypertendus ou vos proches fragiles chez qui le virus pourrait être mortel", écrivent les soignants, dont Philippe Juvin, le chef des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris.
Le port du masque, un "moindre mal" pour éviter un reconfinement. C'est le sentiment ce mardi de Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris, qui suggère qu'il soit remboursé par la sécurité sociale. " Il y a un vrai sujet sur le relâchement des gestes barrières, c'est bien montré par toutes les enquêtes d'opinion, il suffit d'aller dans la rue pour voir. Il y a plus de cas (du Covid) qui sont détectés en ville", a-t-il déclaré sur Sud Radio. "Si on laisse faire, qu'on ne réagit pas, on peut se retrouver dans quelques semaines, dans quelques mois dans une situation à devoir éventuellement reconfiner. Ce serait catastrophique", poursuit-il, alors que Santé publique France a constaté la semaine dernière une légère augmentation de la circulation du coronavirus.
Philippe Juvin est l'un des 14 médecins signataire de la tribune #MasquésMaisEnLiberté
"Moi je suis comme vous, quand je le mets, il fait chaud, c'est très embêtant, mais entre tous les maux s'il faut choisir le moindre, nous suggérons qu'il faut le porter dans tous les espaces publics clos" comme les commerces, cinémas, théâtres, administrations, a-t-il souligné. Il a suggéré le remboursement du masque par la sécurité sociale. "Si on considère que c'est un objet de prévention, il faut évidemment le traiter comme tel".La professeure Dominique Salmon-Ceron, infectiologue à l'Hôtel-Dieu à Paris, a pour sa part souligné que le gouvernement devait rendre plus claires les indications sur le port du masque qui n'est obligatoire sous peine d'amende que dans les transports. "Il faut préciser les indications pour toutes les autres situations" comme dans les supermarchés ou pendant les rassemblements. "Cela aidera les organisateurs à les faire respecter", a-t-elle déclaré sur France Inter, ce mardi matin.
"Si on porte un masque c'est d'abord pour protéger les autres"
Le professeur Yves Buisson, épidémiologiste et président du groupe Covid-19 de l'Académie de médecine rappelle que porter un masque est essentielle, c'est la solution numéro 1 pour lutter contre l'épidémie. "Si tout le monde porte un masque, dans les commerces, les administrations, les cinémas... il n'y a plus de transmission du virus". "Comme les pays asiatiques, il faut que l'on acquiert la culture du masque, on porte un masque pour protéger les autres". "Il faut par exemple, que les jeunes qui sont très peu touchés par le virus et qui se sentent moins concernés mettent un masque, pas pour eux mais pour protéger les autres"insiste-t-il.
"Le masque protège les autres, c'est une action citoyenne", insiste sur RFI Pierre-Louis Druais, professeur de médecine générale, membre du Conseil scientifique Covid-19. A quelques heures d'une interview très attendue d'Emmanuel Macron, il veut que le président relaie "le message que nous partageons tous : la guerre n'est pas terminée".