Trois policiers ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir grièvement blessé un homme d'un tir de flash-ball, en 2009, lors d'une manifestation à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Les trois fonctionnaires ont été renvoyés la semaine dernière pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente", a indiqué à l'AFP une source judiciaire. Ils encourent une peine de 10 ans de prison et 150.000 d'amende.
La victime, Joachim Gatti, âgé à l'époque de 34 ans, avait perdu un oeil le 8 juillet 2009 dans des heurts avec des policiers, alors qu'il participait à une manifestation de soutien aux occupants d'une clinique désaffectée expulsés par les forces de l'ordre.
La préfecture de Seine-Saint-Denis avait indiqué à l'époque que les policiers avaient riposté aux projectiles des manifestants en utilisant ce pistolet à balles en caoutchouc non perforantes. Plusieurs autres personnes avaient été blessées lors de cette opération de police.
Le parquet de Bobigny avait requis début avril le renvoi d'un seul des trois policiers, mais devant la cour d'assises, chargée de juger les affaires criminelles. La juge d'instruction en charge du dossier a finalement décidé de renvoyer les trois fonctionnaires, mais devant un tribunal correctionnel, ayant estimé que les faits constituaient un simple délit.
"Le renvoi de trois policiers devant les tribunaux et la mise en cause de leur hiérarchie est un fait rarissime", a réagi dans un communiqué le "collectif du 8 juillet", créé après ces événements par les victimes et par leurs proches. Par cette décision de renvoi, la juge d'instruction "admet qu'il ne s'agit pas d'un acte isolé, ni d'une bavure, mais d'un cas avéré de violence en réunion", insiste le collectif. "En signalant les nombreuses anomalies qui caractérisent cette opération de maintien de l'ordre, elle révèle que la hiérarchie policière est compromise dans les violences de ce soir-là".
L'Inspection générale des services (IGS, la police des polices) ainsi que la commission nationale de déontologie et de la sécurité (CNDS) avaient jugé inapproprié l'usage du flash-ball par les policiers dans cette affaire.
A dix mètres de distance (avec une portée utile de quinze mètres), la balle tirée par un flash-ball fait l'effet d'un uppercut donné par un bon boxeur.