Les peines prononcées par le tribunal correctionnel de Bobigny sont de deux à quatre ans de prison avec maintien en détention. Six enfants de 10 à 16 ans mendiaient depuis plusieurs années selon l'enquête.
Devant le tribunal comparaissaient un père âgé de 39 ans et une mère de 37 ans, ainsi que leur fils aîné de 20 ans, tous de nationalité roumaine. Ils ont respectivement été condamnés à des peines de quatre, trois et deux ans de prison avec maintien en détention. Leurs diverses autorités parentales leur ont été retirées. Mais ils n'ont pas reçu d'interdiction de territoire, contrairement aux réquisitions du ministère public.
D'après l'accusation, qui a mené une enquête de deux ans, ils forçaient à mendier au moins six enfants mineurs âgés de 10 à 16 ans, dont la majorité était les leurs. Deux belles-filles, adolescentes et mariées selon la tradition tsigane, ont également été observées en train de mendier, tout en étant enceintes.
Au niveau du pont de Bondy, entre les multiples voies qui s'entrelacent, les enfants profitaient d'un feu rouge plus ou moins long pour laver les vitres des automobilistes, munis d'une bouteille d'eau pleine de savon et d'une raclette. Une fois l'opération finie, ils demandaient une petite pièce. L'argent recueilli était la principale source de revenus de cette famille qui vivait dans des cabanons dans un camp.
"C'est dans notre tradition, (...) on fait la manche"
"À partir du moment où on est capable d'envoyer ses enfants à la mendicité, on est tout à fait capable de les envoyer à l'école", a néanmoins tancé la procureure Cécile Delignon en requérant des "peines sévères": six ans pour le père, quatre ans pour la mère, trois ans pour leur fils. "C'est dans notre tradition, (...) on fait la manche", a justifié le père de famille, s'engageant à créer une vie stable pour sa famille une fois sortie.
"Dans la tradition tsigane, l'enfant est considéré comme un être à choyer (...) C'est factuellement faux de dire que tous les enfants tsiganes sont envoyés mendier", a réfuté la procureure.
D'après les récits des prévenus, leurs enfants et leurs belles-filles étaient libres et allaient mendier de leur propre initiative.
Une interdiction de territoire français et une déchéance de l'autorité parentale, ont également été requises. "Ceux qui sont dans le box n'ont pas d'excuse, il leur a été proposé des accompagnements dont ils ne se sont pas saisis", a affirmé la procureure.
Sur les six enfants confiés à l'Aide sociale à l'enfance à la suite des interpellations, quatre se sont enfuis et restent introuvables. Deux autres ont été placés et "vont bien", d'après l'association SOS Victimes 93 qui les représentait. La famille avait déjà eu affaire à la justice lorsque l'une des belles-filles adolescentes, à l'origine du signalement, avait fait l'objet, avec sa fille âgée de quelques mois, d'un placement tenu secret dans une autre région. Sa trace avait cependant été retrouvée et son conjoint était revenu la chercher.