Ce mercredi sort en salle « Divertimento ». Le film de la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar retrace le parcours de Zahia Ziouani, l’une des rares femmes cheffe d’orchestre en France. Elle était l’invitée du 19/20 de France 3 Ile-de-France ce mardi 24 janvier. Portrait d’une battante.
Quand elle entre en terminal au lycée Racine, dans le VIIIe arrondissement de Paris, Zahia Ziouani doit affronter les clichés et le mépris de classe.
Une épreuve qu’elle surmonte avec sa sœur Fettouma, violoncelliste, qui intègre la même année le prestigieux établissement. «On a grandi dans une famille avec des parents mélomanes, mais on ne connaissait pas du tout cet univers de la musique avec ses codes, ses conventions… et donc le fait d’avoir été deux et de faire face à toutes ces discriminations, c’était super en effet et encore aujourd’hui on se soutient » confie Zahia Ziouani.
Mépris de classe et misogynie
L’histoire des jumelles Ziouani est racontée par Marie-Castille Mention-Schaar. Dans « Divertimento », la réalisatrice s’est concentrée sur le parcours de ce duo qui a démarré à l’âge de 8 ans au conservatoire de Pantin en Seine-Saint-Denis.
Le début d’un long chemin qui mène Zahia à apprendre aux côtés du maestro roumain Sergiu Celibidache. Seule, cette fois, elle doit lever de nouvelles barrières : celles du sexisme. « Il m’a dit que les femmes n’avaient jamais tenu plus de 15 jours dans sa classe. C’était peut-être une façon un peu rude de me dire que ce serait compliqué pour moi. Il voulait me tester et savoir si j’aurai la force de me présenter devant un orchestre ».
« Aujourd’hui moins de 4 % des chefs d’orchestre en France sont des femmes »
Une force qui la pousse justement à créer son orchestre symphonique « Divertimento », à l’âge de 20 ans. Cet ensemble mêle alors des élèves du conservatoire du IXe arrondissement de Paris, et des jeunes musiciens de Stains en Seine-Saint-Denis où elle enseigne. «En fait, je me suis rendu compte que la seule alternative pour exister en tant que cheffe d’orchestre, c’était de créer moi-même mon orchestre. Aujourd’hui moins de 4 % des chefs d’orchestre en France sont des femmes».
24 ans après, cette détermination ne l’a pas quittée. Remplie d’idées, elle s’accroche à son envie de mettre en lumière la diversité et les femmes grâce à son ensemble symphonique où la parité est respectée parmi ses 80 musiciens. « C’est un orchestre du XXIe siècle. Un orchestre où on joue les œuvres du grand répertoire en les mettant en regard avec des sujets qui nous intéressent aujourd’hui ».
Divertimento donne, en moyenne, 40 spectacles par an et part à la rencontre d’auditeurs isolés : dans les campagnes, les quartiers populaires, les hôpitaux ou même les prisons. À l’automne prochain, les amateurs de sport pourront à leur tour découvrir l’orchestre. Il sera associé à la Coupe du monde de rugby, qui se tiendra en France en septembre et en octobre prochains.