Métro, tram, RER, Transilien… Une étude qui analyse les effets de la pandémie pointe un impact globalement "limité" du télétravail sur la fréquentation du réseau ferré. Les écarts d'affluence entre les différents jours de la semaine se sont toutefois creusés.
Comment a évolué la mobilité en Île-de-France pendant la crise sanitaire ? D’après une étude de l'Institut Paris Region (l’agence régionale d'urbanisme et de l'environnement) la pandémie a joué un rôle d’"accélérateur" pour certaines dynamiques concernant les transports. Si la fréquentation du réseau ferré est revenue en septembre et octobre à 80% de celle de l'avant-Covid, avec globalement un effet limité du télétravail sur les heures de pointe, les écarts de fréquentation entre les jours de la semaine se sont creusés.
Les "jours de pointe", à savoir "mardi et jeudi essentiellement", sont toujours synonymes de transports surutilisés, explique Jérôme Bertrand, auteur de l’étude pour l'Institut Paris Region. Le vendredi, lui, est au contraire délaissé. Le vendredi matin, les transports ferrés sont ainsi 24% moins fréquentés que le mardi. "Et selon une simulation basée sur les pratiques et les souhaits de télétravail, à long terme, l’activité professionnelle à distance pourrait faire baisser de 15% le nombre de voyageurs sur le réseau ferré le vendredi", précise l’expert mobilité.
Des trains surchargés mardi et jeudi, mais délaissés lundi et vendredi ?
Pour travailler, l'Institut Paris Region a étudié différentes périodes entre février 2020 et octobre 2021, en se basant sur des données produites à partir de traces GPS de possesseurs de smartphone, permettant "une reconstitution des parcours" des voyageurs. "On regarde aussi les validation de pass Navigo sur le réseau ferré", ajoute Jérôme Bertrand.
Comment expliquer ces écarts de fréquentation toujours plus forts au cours de la semaine ? "On a l’impression que les gens étendent leur week-end entre vendredi et lundi, analyse l’auteur de l’étude. Il y a peut être un effet de déplacement vers les résidences secondaires, et une optimisation du temps passé dans les transports avec un allégement de la fatigue que ça implique en fin de semaine. Et le lundi est toujours un jour un peu moins fréquenté en raison de la fermeture des commerces et des services."
A noter également que les écarts de fréquentation varient "d’une ligne à l’autre selon le type d’emploi des actifs". "Les cadres ont beaucoup plus tendance à télétravailler, il peut donc y avoir des effets locaux", détaille l’expert mobilité. "A la Défense par exemple, la reprise de la fréquentation est moins forte que sur d’autres pôles." La fréquentation du réseau ferré à la Défense est ainsi aujourd’hui revenue à 66% de celle de l'avant-Covid, contre 80% au niveau régional.
"C’est difficile d’adapter l’offre de transports si la fréquentation est très inégale d’un jour à l’autre"
Mais que faire face au risque d’avoir des trains surchargés mardi et jeudi, et des trains délaissés lundi et vendredi ? "Toute la problématique du lissage des pointes entre les jours de la semaine reste d’actualité, avance Jérôme Bertrand. Il faut essayer de coordonner les acteurs, notamment les grandes entreprises. Tout comme les grands transporteurs, les grands employeurs ont intérêt à gérer et optimiser l’affluence dans leurs locaux au cours de la semaine. C’est difficile d’adapter l’offre de transports si la fréquentation est très inégale d’un jour à l’autre."
Selon l’étude, une baisse de fréquentation de 5 à 10% (selon les lignes) par rapport à la situation pré-Covid est préconisée pour espérer améliorer le confort des trajets des voyageurs.
Jérôme Bertrand ajoute que l’étude s'intéresse aussi au "report modal entre le vélo et le réseau ferré", avec un "potentiel assez intéressant" pour contrecarrer l’utilisation de la voiture. "Entre Aulnay-sous-Bois et Paris, on remarque que, plus on est proche de la gare, plus on utilise le réseau ferré, mais qu’au-delà d’1 km de distance, on utilise plus la voiture", explique-t-il. D’où l’intérêt du vélo "pour rejoindre la gare sur une distance allant de 1 à 3 km" et l’importance du "développement du stationnement sécurisé en gare".
L'étude de l’Institut Paris Region observe par ailleurs une reprise rapide du trafic routier dans le contexte de la crise sanitaire. "Début octobre 2021, le niveau de trafic sur le réseau routier francilien structurant était même supérieur de près de 10% à début mars 2020", souligne ainsi SNCF Transilien. Le nombre de kilomètres de bouchons avait, lui, augmenté de 33%.