Témoignage. "Si je me concentre sur tout ce que je ne peux pas faire, autant en finir" : de l'AVC au Mont Fuji

Publié le Écrit par Louis Le Pen

Victime d'une série d'AVC à 21 ans, Mathilde Cabanis perd l'usage de sa main gauche. Treize ans plus tard, la Parisienne sensibilise à la question du handicap dans le monde du travail. Entre résilience et exploits sportifs, elle raconte son histoire à l'occasion de la journée mondiale de l'AVC ce 29 octobre.

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"Je ne pensais pas que ça pouvait arriver aussi jeune. C'était complètement dingue". Le ton enjoué de Mathilde Cabanis contraste avec l'histoire qu'elle raconte. Partie pour un voyage humanitaire de 3 mois au Népal en 2011, la jeune parisienne s'effondre un matin en se levant de son lit. Durant les cinq premiers jours, le corps médical de l'hôpital de Katmandou estime que son hémorragie interne au cerveau provient d'une tumeur. Ce n'est qu'à son retour en France que le diagnostic correct tombe. À 21 ans, Mathilde vient de faire un AVC.

À l'époque, "vivre seule chez moi était devenu impensable" se rappelle Mathilde à qui on découvre une malformation au cerveau. "J'ai rapidement retrouvé mon autonomie mais à mon retour en école de commerce, j'ai commencé à enchaîner AVC sur AVC" poursuit-elle. Cette "épée de Damoclès" flotte au-dessus de sa tête jusqu'en 2016, date de sa dernière opération. Six mois de convalescence plus tard, le risque d'AVC est revenu à la normale. "Aujourd'hui je ne peux plus utiliser ma main gauche et je marche avec un releveur en carbone" explique Mathilde.

Ne pas se fixer de limite  

Mathilde raconte cette histoire presque chaque semaine depuis 10 ans. La conférencière formatrice de 34 ans intervient aussi bien auprès des entreprises qu'auprès des "personnes handicapées". Certains ne veulent pas entendre cette expression mais Mathilde revendique l'utiliser. "Je suis authentique, je dis ce que j'ai envie de dire" sourit-elle. Dans ses interventions, le ton est parfois cru pour faire céder les clichés qui entourent le handicap. "Compenser et cacher son handicap c'est épuisant. Il faut apprendre à voir les personnes avant leur handicap", glisse Mathilde, "j'ai tout gagné quand on me dit : ce n'est pas si grave finalement".

Ne pas se fixer de limite. Voilà le mantra de Mathilde. "J'avais envie de gravir le Mont Fuji. Je ne me suis pas dit que je ne pouvais pas mais comment je pourrais m'adapter ?". Arrivée jusqu'au palier 7 de la montée, la météo la contraint à stopper cette randonnée de 8 heures. L'effort "le plus dur" de sa vie, a été un boost d'égo et de confiance "magique". "C'est l'image que je veux renvoyer" glisse la conférencière qui évoque une possible ascension du Kilimandjaro. Et retenter le Mont Fuji ? "Oui mais à partir du palier 7 (rires)."

Un soutien vital

À 21 ans, la même musique sonne déjà dans sa tête. "Si je reste concentrée sur tout ce que je ne peux pas faire, la vie va être longue, autant en finir tout de suite" pense-t-elle alors qu'elle vient de subir son premier AVC. À cette époque, elle affirme avoir pu compter sur "l'amour de ses proches" qu'elle ne voulait en aucun cas décevoir. "Célibataire handicapée", Mathilde se demande si "elle ne va pas finir seule avec ses chats". Treize ans plus tard, son mari l'accompagne sur le Mont Fuji.

Malgré le délai entre sa première hospitalisation et la découverte de son AVC, elle n'a pas "le cerveau complètement cramé". Le caractère "lent" de ses symptômes l'a sauvé. Mais quand il est "systématique", l'AVC doit être reconnu bien plus vite sous peine de risquer la mort. Mathilde Cabanis s'alarme que cette connaissance soit peu diffuse dans la société. "On doit être attentif à trois points : l''affaissement du visage, un bras immobile ou faible et un langage incohérent", explique-t-elle.

Les femmes premières victimes

L'AVC touche 140 000 personnes en France. Dans le monde, un cas se manifeste toutes les trois secondes. Il reste la première cause de mortalité chez les femmes. "On a tendance à ne pas vouloir déranger et donc à moins contacter les secours", s'inquiète Mathilde Cabanis. "On croit aussi moins les femmes que les hommes", constate Mathilde qui pointe la nécessité de "sensibiliser les soignants" sur cette parole invisibilisée.

Un manque de considération que la jeune parisienne connaît bien. "J'ai été refusé de trois maternités avant d'accoucher. Ils redoutaient que je fasse un AVC", glisse-t-elle. "Il est important que les gens comprennent que les personnes handicapées sont des personnes comme les autres. Elles ont des objectifs et des rêves". Mathilde dit d'ailleurs vouloir tenter un autre "exploit sportif" : franchir une troisième fois les portes de la maternité. "Accoucher et s'occuper d'un enfant, c'est comme monter le Mont Fuji alors qu'on a subi un AVC (rires)."

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