Stéphanie Frappart deviendra la première femme à arbitrer un match de Coupe du Monde masculine de football. Ce jeudi, elle sera au sifflet lors de la rencontre entre l'Allemagne et le Costa Rica disputée à Doha au Qatar. Des terrains d'Herblay au niveau international, l'ascension fulgurante de cette valdoisienne ne surprend pas.
"C'est quelqu'un d'attentif et de bienveillant". Lorsqu'elle se remémore ses années aux côtés de Stéphanie Frappart, Ludivine Floirac ne tarit pas d'éloges sur son ancienne coéquipière. "On a commencé ensemble en cadets vers 14 ou 15 ans", se souvient-elle.
Lorsqu'elle arrive à l'AS Herblay dans le Val-d'Oise au début des années 1990, Stéphanie Frappart y est déjà depuis plusieurs années. "Elle jouait meneuse de jeu. Son rôle était de tout voir, de tout anticiper pour distribuer le ballon", raconte-t-elle. Des qualités "qui l'aident forcément en tant qu'arbitre aujourd'hui", estime Ludivine Floirac.
L'arbitrage, c'est désormais le métier de son ancienne partenaire. Ce jeudi, elle sera l'arbitre centrale lors du match de Coupe du Monde entre l'Allemagne et le Costa Rica joué à Doha au Qatar. Elle devient ainsi la première femme à officier en tant qu'arbitre principal, lors d'une rencontre de la Coupe du Monde de football masculine. Lors de sa nomination, il y a quelques mois pour faire partie des arbitres du Mondial, elle avait évoqué au micro de France 3 Paris Île-de-France sa "fierté" à l'idée de "représenter la France lors l'évènement mondial le plus important du sport." Celle-ci a déjà inscrit son nom au palmarès du football français en devenant la première femme à arbitrer une finale de Coupe de France en mai dernier.
"Elle ne se laisse pas faire"
C'est à la fin de l'adolescence que Stéphanie Frappart entame une formation pour devenir arbitre professionnelle. Elle arrive alors dans un milieu réputé très masculin où les stéréotypes ont la peau dure. "Cela ne devait pas être facile tous les jours", confesse Ludivine Floirac. Elle note néanmoins que "Stéphanie a réussi à s'imposer parce que c'est une femme de caractère. Elle ne se laisse pas faire". Elle met en avant ses qualités humaines en expliquant que "c'est une personne à l'écoute, qui est prête à dialoguer, et c'est essentiel pour les arbitres". Enfin, elle estime que l'ambition de cette dernière a fait la différence. "Elle a toujours eu l'envie de réussir. Elle ose et va chercher ce qu'elle veut. Elle prend sa place sans écraser les autres."
"Cela suscite des vocations"
La native du Val-d'Oise fait partie des six femmes sélectionnées pour arbitrer la Coupe du Monde. La FIFA a annoncé mardi que le trio arbitral pour Allemagne-Costa Rica serait 100% féminin. Une première historique.
Pour l'Union Nationale des Arbitres Français, cette ascension participe à promouvoir la lutte contre les stéréotypes de genre dans le football. "Cela suscite des vocations chez les jeunes filles depuis plusieurs années. Bien sûr, beaucoup d'entre elles souhaitent jouer avant tout, mais de plus en plus d'adolescentes s'intéressent à l'arbitrage", note Laurent Bollet, membre du comité directoire de l'UNAF.
L'exemple de Stéphanie Frappart est "d'autant plus impactant qu'elle a été la première à arbitrer des hommes", précise-t-il. Selon lui, "cela permet de faire changer les mentalités chez les joueurs", car "une femme fait désormais office de figure d'autorité sur le terrain, et ils lui doivent le respect". Au niveau de la formation des jeunes joueurs, il fait remarquer que des efforts sont fournis par les formateurs pour "inciter les adolescents et jeunes adultes à se conduire en "gentlemen" sur le terrain et cela passe par le respect de la fonction arbitrale".
Il nuance ses propos en estimant que le football reste un milieu où "les stéréotypes de genre perdurent, mais on avance de plus en plus sur ce sujet d'année en année". Ajoutant que la stature internationale de Stéphanie Frappart est une "façon de casser de nouvelles barrières".