Ce sont des riverains qui ont découvert ce triste spectacle. Sous l'effet des fortes chaleurs, des milliers de poissons du lac d'Enghien-les-Bains ont été retrouvés morts. Selon une association de défense des animaux c'est un problème qui pourrait être évité.
C’est une des nombreuses conséquences de la canicule sur la faune et la flore. Au lac d’Enghien des bancs entiers de poissons ont été retrouvés flottant à la surface de l’eau, mercredi 12 août. La température des eaux avait atteint 28°C. Un véritable piège pour les animaux du lac. En effet sous l'effet de la chaleur, le taux d’oxygène diminue, le niveau de l'eau baisse et les poissons remontent à la surface et finissent par suffoquer.
Jean-Pierre Enjaldert, président du SIARE - Syndicat intégré Assainissement et Rivière de la Région Enghien-les-Bains - en charge la gestion du lac, ajoute "A cause de la sécheresse, les sources qui alimentent le lac se sont taries. L'orage qui s'est abattu est venu lessiver la route et les dépôts d'hydrocarbures qui ont ainsi pollués le lac." Un cocktail mortel pour les poissons.
Les opérations de nettoyages ont commencé dès mercredi et doivent se poursuivre jusqu'à samedi. D'après le SIARE 10 tonnes de poissons ont déjà été repêchées. Selon Amandine Sanvisens, présidente de l'association Paris Animaux Zoopolis, "Nous refusons de calculer en poids, nous tenons à estimer un nombre d’individus. Cela reste difficile de connaître le nombre exact de poissons qui ont péri. Là, ils sont sans doute des milliers."
"Une hécatombe" pour cette militante de la cause animale et "une catastrophe écologique" pour Jean-Pierre Enjaldert. Plusieurs espèces évoluent dans ce vaste plan d'eau de 43 hectares qui fait la réputation de cette commune du Val d'Oise : des carpes, des gardons, des tanches, des rotengles, des perches, des brochets, des sandres ou encore des anguilles. Et c'est une menace pour les autres espèces, notamment les oiseaux aquatiques comme les oies, les canards et les cygnes. Car au-delà de l’odeur nauséabonde, un autre risque de pollution se profile, provoqué par les cadavres des animaux en décomposition. C’est donc tout l’écosystème qui est ici en danger.
Quatre bâteaux sillonnent le lac, des associations de pêcheurs sont venues prêter main forte. Des camions pompent depuis les rives les poissons morts amassés à certains endroits. Des jets d'eau ont été mis en place afin de pomper l'eau pour la réinjecter dans le bassin, une façon d'apporter un peu d'oxygène. Mais il faut attendre pour que la température de l'eau diminue car ce processus est très lent.
Un plan canicule pour les animaux du lac
L'association qui milite pour le bien-être animal regrette le manque d'anticipation car ce phénomène pourrait être évité et avec lui le "réempoissonnement". Cette technique consiste à réintroduite des poissons une fois le plan d’eau nettoyé. Pour Amandine Sanvisens, « elle n’est pas acceptable car ces animaux sont issus de l’élévage. Elle n’est à utiliser qu’en dernier recours or c’est ce qui est pratiqué de façon systématique.»Afin d'éviter que les populations de poissons ne soient décimées en cas de canicule, on peut avoir recours à des oxygénateurs ou ajouter de l’eau lorsque le niveau et la température de celle-ci ne sont plus suffisants. Pour le président du Syndicat cette dernière solution n'est pas tenable. "Le lac d'Enghien représente 500 000 m3 d'eau!" réagit Jean-Pierre Enjaldert. Il faudrait alors des quantités d'eau beaucoup trop importantes. Des commandes d'oxygénateurs ont cependant été lancées ainsi que des recherches pour améliorer cette technologie beaucoup plus intéressante d'après lui.
Les poissons restent les grands oubliés de la cause animale.
Amandine Sanvisens a de son côté décidé d'écrire au maire d'Enghien pour l'inciter à mettre en place un "plan canicule pour les animaux du lac". « Notre objectif est de pousser les institutions à se pencher sur la question car des solutions existent. Jusqu’à présent sur la question des poissons nos seuls interlocuteurs sont les pêcheurs mais nous estimons qu’ils sont en conflit d’intérêt puisque leur objectif est de pouvoir capturer du poisson." Elle se dit prête à les accompagner dans leur démarche. L'association veut aussi attirer l'attention sur le sort réservé aux poissons trop souvent négligés au sein de la défense de la cause animale.
Un bassin filtrant pour améliorer la qualité des eaux
Jean-Pierre Enjaldert veut éviter que cet incident ne se reproduise. Il annonce qu'un bassin composé d'une succession de jardins filtrants doit être créé. Ce nouvel aménagement, d'un coût de 8 millions d'euros, a été acté par l'intercommunalité. Avec un espace de décantation et agissant naturellement comme un filtre, le bassin va ainsi permettre la récuparation des hydrocarbures, faciliter la détoxication et l'oxygénation de l'eau. Installé en amont du lac nord, il sera réalisé et en fonction d'ici 18 mois.